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« ITER ou le rêve prométhéen, et exorbitant, de la domestication du Soleil »

Lancé il y a près de vingt ans, le projet de réacteur international de fusion nucléaire, installé à Cadarache (Bouches-du-Rhône), accuse un nouveau retard de huit ans et sa facture devrait dépasser 25 milliards d’euros. Alors que de nombreuses start-up se lance sur ce créneau, Etats et scientifiques misent sur le très long terme explique Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».

Publié le 04 juillet 2024 à 12h11 Temps de Lecture 2 min.

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Prométhée ou Icare ? En voulant copier le Soleil pour lui arracher son secret, l’humanité s’est lancée dans l’un de ses paris scientifiques et technologiques les plus fous. C’est la promesse de la fusion nucléaire, une énergie quasi infinie pour un processus qui génère plus d’énergie qu’il n’en consomme. Un rêve prométhéen et exorbitant. Depuis plus de soixante-dix ans, les chercheurs du monde entier se passionnent pour la question. En 1985, Mikhaïl Gorbatchev, le dernier leader de l’Union soviétique, parvient à convaincre le président français François Mitterrand puis l’Américain Ronald Reagan de lancer la plus grande coopération scientifique internationale de l’histoire. La plus aventureuse et la plus chère aussi.

Installé dans le sud de la France, à Cadarache (Bouches-du-Rhône), le réacteur de fusion nucléaire ITER réunit aujourd’hui l’Union européenne, les Etats-Unis, la Russie, la Chine, le Japon, la Corée du Sud et l’Inde. Sa construction débute en 2007 et doit durer dix ans pour une phase de production d’énergie en 2025, le tout pour un coût estimé à 10 milliards d’euros sur quarante ans. Mercredi 3 juillet, les dirigeants d’ITER ont présenté leur nouvelle feuille de route. Après dix-sept ans de chantier, le réacteur est loin d’être opérationnel. La production du premier plasma, chauffé à 150 millions de degrés pour répliquer la fournaise solaire, est repoussée de huit ans, vers 2034. En conséquence, la facture s’allongera de 5 milliards d’euros pour atteindre 25 milliards.

Depuis le début, nombre de voix scientifiques s’élèvent pour critiquer un objet aussi onéreux pour un résultat aussi incertain. En effet, ce n’est qu’à partir de la production du plasma que les hypothèses théoriques pourront être validées, alors que l’on n’est pas encore certain de la tenue des matériaux à de telles températures. A vouloir s’approcher autant du Soleil, la communauté des physiciens et les Etats qui les soutiennent ne risquent-ils pas de se brûler les ailes, tel l’infortuné Icare ?

En pleine ébullition

Ce qui est certain, c’est que la situation géopolitique actuelle rend impossible la reproduction d’une telle coopération internationale. Le paradoxe est qu’en dépit des difficultés à répétition d’ITER, le secteur privé de la fusion nucléaire est en pleine ébullition. Une trentaine de start-up dans le monde prétendent pouvoir faire plus vite et bien moins cher. Des sociétés américaines comme Commonwealth Fusion ou TAE Technologies ont reçu plusieurs milliards de dollars de la part de poches profondes comme Google, Bill Gates, Chevron ou ENI pour tenter de trouver la technologie de rupture qui, dans les dix ans, démodera la démesure d’ITER.

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