« Oui, nous sommes venues spécialement des Etats-Unis. Comment avez-vous deviné ? » L’une porte des boucles d’oreilles dont les trois lettres « U-S-A » s’agitent au-dessus de son tee-shirt brodé de paillettes aux couleurs de la bannière étoilée. L’autre est coiffée d’une casquette tout aussi patriotique. Marti Fernandez et Karen West n’ont « pas le temps » de bavarder. Les deux amies américaines veulent « vite avaler un petit déjeuner » aux abords des Galeries Lafayette et du Printemps, boulevard Haussmann, à Paris. Les deux Américaines de 72 et 64 ans, venues du Nouveau-Mexique, s’accorderont ensuite « deux heures de shopping dans le coin », avant d’assister à un match de beach-volley, aux pieds de la tour Eiffel. « Au fond, Paris n’a pas tant changé que cela, depuis mon dernier séjour. La ville a l’air moins animée, non ? », observe Mme Fernandez.
Le quartier des grands magasins parisiens n’est pas encore submergé de touristes en ce lundi 29 juillet, trois jours après la cérémonie d’ouverture des épreuves olympiques des Jeux de Paris (JO). Des chasseurs alpins et des agents de la police nationale se croisent pour assurer la surveillance de ce boulevard fréquenté, en moyenne, chaque semaine, par 300 000 personnes. Sur les trottoirs, on repère à leur badge officiel les représentants de délégation olympique, et à leur maillot les supporteurs, venus souvent en famille.
« Le quartier est encore calme », convient le directeur commercial du Printemps, Sébastien Saint-Paul, attablé à la terrasse du Regain, l’un des restaurants exploités par l’enseigne, qui attire quinze millions de personnes par an. La fréquentation du Printemps, le week-end des 27 et 28 juillet, a été légèrement en deçà du niveau habituel observé lors des mois d’été, note ce dernier.
Les Chinois font toujours défaut
A tel point que, dans les ascenseurs des Galeries Lafayette, l’enseigne concurrente du Printemps, deux vendeuses espèrent que « ça démarre vite, puisque les JO sont censés être une source de recettes ». Interrogée, la direction du magasin n’a pas souhaité réactualiser ses prévisions. En juin, lors d’une conférence de presse, Nicolas Houzé, le directeur général, avait tablé sur une perte d’activité, pendant les JO, de « 5 % à 10 % ».
A la veille du coup d’envoi des Jeux, les commerçants parisiens s’inquiétaient déjà pour leur tiroir-caisse. Car, dès début juillet, la clientèle faisait défaut dans ce quartier de bureaux.
Conformément aux directives gouvernementales du 21 février, les employeurs ont incité leurs salariés à télétravailler. Les pouvoirs publics entendaient ainsi désengorger les transports en commun. « Ça a vidé le quartier dès début juillet », estime Daniel Machover, pharmacien de l’enseigne Carré Opéra, exploitée sur quatre officines du quartier. Or, les touristes ne sont arrivés que la veille de la cérémonie d’ouverture. Et, depuis la pandémie de Covid-19, en 2020, les Chinois, en particulier, font toujours défaut, explique M. Machover, regrettant cette population qui achète à foison lotions et baumes. Dès lors, ce pharmacien prédit que l’été ne sera pas « folichon ».
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