La féminisation de l’Assemblée nationale a connu un bond historique en 2017, passant de 27 % à 39 % de députées élues. S’il manquait encore quelque 63 femmes pour atteindre la parité absolue, le taux plaçait la France, si longtemps en retard, dans les premiers rangs mondiaux, quand d’autres pays, comme l’Allemagne, reculaient.
Cette évolution trouve son origine principalement dans la stratégie de La République en marche (LRM), qui avait non seulement affiché une parité de candidatures femmes-hommes, mais s’était également assurée que les candidates se présentent dans des circonscriptions gagnables. Si rien n’est joué avant le second tour du 19 juin, tout semble indiquer que l’embellie de 2017 devrait se poursuivre et que l’on pourrait à nouveau connaître une situation similaire, voire une nouvelle progression du nombre de députées.
Avec plus de 44 % de candidates (contre 42,4 % en 2017), les élections législatives de 2022 n’ont jamais vu autant de femmes concourir, en valeur relative, même si des taux assez proches sont enregistrés depuis maintenant quinze ans. Ce sont même un tiers des circonscriptions où le nombre de candidates est plus important que le nombre de candidats. Par ailleurs, la répartition des candidatures féminines par famille politique confirme les enseignements des élections précédentes.
D’abord, le pôle centriste continue de miser sur la féminisation, même si la parité exacte n’est atteinte ni par LRM – qui deviendra Renaissance en juillet – (49,2 % de femmes) ni par Horizons (47,3 %) ou le MoDem (49,5 %). Pour la majorité sortante, la présence des femmes ne tient plus seulement à la volonté de fournir une offre politique renouvelée, comme en 2017, mais à la reconduction massive des sortantes. Les études (notamment celle d’Etienne Ollion, Les Candidats, PUF, 2021) ont montré que celles-ci cumulaient alors les « indices de représentativité » : femmes, mais aussi davantage novices en politique, moins bien loties socialement et politiquement que les hommes et également, pour certaines, membres de minorités visibles.
Eviter le procès en machisme
En dépit de ces spécificités, les femmes de la majorité de la législature finissante ont été massivement réinvesties, signe que l’avantage habituel du sortant pour obtenir une réinvestiture n’est pas l’apanage de la gent masculine : parmi les 207 sortants investis par LRM, 102 sont des femmes. Pour Emmanuel Macron, il s’agissait aussi, probablement, d’éviter d’alimenter le procès en machisme entretenu durant son premier quinquennat, avec notamment le manque de mixité des cercles élyséens ou parmi les titulaires de ministères régaliens. A l’échelle de l’Assemblée, on note d’ailleurs que parmi les 441 sortants à nouveau candidats, 180 sont des femmes, soit une proportion similaire à leur présence dans l’Hémicycle.
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