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Doit-on dire « gestion » ou « politique de l’épidémie » ?

Entreprises. L’épidémie a mis à nu les faiblesses de la recherche scientifique, la dépendance industrielle, ainsi que les lacunes des systèmes de soin et de solidarité. C’est sur ces terrains que se construit aujourd’hui la grandeur de l’action publique, explique le professeur de sciences de gestion Armand Hatchuel.

Publié le 02 septembre 2020 à 06h00 Temps de Lecture 2 min.

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« La notion de politique désigne, pour les gouvernants et les citoyens, une aire autonome d’action, à la noblesse spécifique, indépendante des contingences et donc de cette intendance qui doit toujours suivre et qui est réservée à la modeste gestion ».(Le ministre de la santé Olivier Véran et le premier ministre Jean Castex, le 27 août, à Matignon).

Avis d’expert. Le choix des mots éclaire les conceptions de l’action. Face au Covid-19, pouvoirs publics et médias s’accordent pour appeler « gestion de l’épidémie » l’ensemble des mesures gouvernementales de lutte contre la maladie. Les commissions d’enquête de l’Assemblée nationale et du Sénat ont aussi retenu cette expression.

Mais compte tenu de l’importance des décisions en cause, pour le pays et pour le citoyen, n’est-il pas plus approprié de parler de « politique de l’épidémie » ? A vrai dire, en redonnant à la notion de gestion son ampleur oubliée, le Covid-19 fait resurgir les ambiguïtés et les lacunes de la conception « politique » des actions de l’exécutif (Le Bon Gouvernement, de Pierre Rosanvallon, Seuil, 2016).

Remarquons d’abord que « politique de santé » et « politique du médicament » sont d’usage courant. En outre, les actions de prévention ou de lutte contre une épidémie constituent pleinement une politique publique avec vote d’une loi d’urgence sanitaire et mise en place de comités au plus haut niveau de l’Etat.

Inversement, la « gestion » est, depuis longtemps, dénuée des valeurs symboliques supérieures associées à celle de « politique ». Dire d’un gouvernement qu’il se limite à la « gestion » est tout sauf flatteur ! Quant aux décisions de confinement ou de déconfinement des populations, ce n’est pas ce que l’on entend habituellement par l’« expédition des affaires courantes ».

Des choix éclairés

Alors comment expliquer l’adoption spontanée de « gestion de l’épidémie » ? Il faut revenir aux raisons de la séparation entre « gestion » et « politique ». Dans la conception moderne de l’Etat, puis dans l’imaginaire collectif, le terme de « choix politique » a progressivement désigné l’action du pouvoir ou du peuple dans sa forme la plus libre et la plus haute, celle qui fixe souverainement et arbitrairement le destin d’une société.

Or, une épidémie s’impose aux gouvernants. Et même si les moyens de la bataille contre la maladie font débat, leur « vision du monde », leur « hauteur de vue » ou leur capacité à « incarner la nation » semblent, à elles seules, d’un faible secours.

A l’inverse, l’épidémie exige des choix éclairés par le savoir ; elle requiert expertise et anticipation, adaptabilité, efficacité et lisibilité de l’action, et surtout soutien prioritaire aux plus atteints. Toutes ces vertus connotent plus avec la notion de « gestion » et moins avec celle de « politique ».

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