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De Enron à Wirecard, l’audit en question

Dans sa chronique Armand Hatchuel revient sur la responsabilité et la valeur des audits réalisés par les plus grandes entreprises d’audit comptable. L’expert relève en particulier que les entreprises parviennent à rendre opaque leurs comptes grâce à des ingénieries financières et juridiques complexes.

Publié le 07 octobre 2020 à 06h30, modifié le 07 octobre 2020 à 08h33 Temps de Lecture 2 min.

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« La profession est forcée de reconnaître que l’ingénierie financière et l’ingénierie juridique permettent de masquer, y compris aux auditeurs, les pires dérives. »

Entreprises Au début de l’été, en pleine pandémie, la société allemande Wirecard, spécialiste du paiement en ligne, emblème de la fintech, se déclarait en faillite et reconnaissait des erreurs massives dans ses comptes. Ce scandale rappelle celui de la plate-forme de négoce en énergie Enron, il y a vingt ans. On y retrouve l’engouement collectif pour l’innovation financière, la réussite rapide en Bourse, des profits spectaculaires, et puis… la chute brutale, quand il s’avère que les comptes étaient truqués !

D’où, aujourd’hui comme hier, la même question : comment de tels scandales sont-ils possibles, alors que les comptes sont régulièrement approuvés par les plus grandes entreprises d’audit comptable ? L’affaire Enron avait provoqué la disparition du cabinet Arthur Andersen. Aujourd’hui, c’est Ernst & Young qui est interrogé parce qu’il contrôlait Wirecard, depuis dix ans.

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Sur le papier, les choses semblent simples, toute entreprise qui fait appel à des investisseurs et à des marchés financiers doit faire contrôler sa comptabilité par des auditeurs dont la profession est réglementée dans chaque pays. Leurs conclusions ont un impact majeur sur la vie de l’entreprise. Or, ces scandales montrent que le travail d’audit est, paradoxalement, d’autant plus difficile que les entreprises jouent, à l’échelle mondiale, de toutes les ressources de l’innovation financière et du droit des sociétés.

Inextricable contrôle

Dans l’affaire Enron, le masquage des dettes était obtenu par la création de milliers de filiales s’échangeant des services et rendant inextricable le contrôle des facturations entre ces entités. De plus, entre la maison mère et les filiales, il était possible d’en appeler à des auditeurs différents, ce qui compliquait la consolidation des comptes. Accusé d’avoir participé à la fraude, le cabinet Arthur Andersen se saborde, mais, en 2005, il est innocenté par la Cour suprême des Etats-Unis, qui met en avant la difficulté à prouver la collusion avec Enron.

Depuis sa création, Wirecard a multiplié les acquisitions en Asie dont l’évaluation est particulièrement complexe. La firme crée simultanément des filiales qui déclarent une activité importante de services, tout en la sous-traitant à des tiers. Pourtant, les audits d’Ernst & Young restent bons et, en 2018, Wirecard entre en Bourse (DAX).

En 2019, des alertes sont lancées par le Financial Times. Wirecard conteste et mandate KPMG, un autre grand auditeur, pour clore le débat. En avril 2020, en pleine épidémie, KPMG approuve les bilans de Wirecard, mais signale des difficultés pour contrôler l’écheveau asiatique. L’ambiguïté du constat affole la Bourse et, en juin, Wirecard reconnaît la banqueroute et des comptes défaillants. Les enquêtes pour fraude sont lancées et les dirigeants poursuivis.

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