Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

« L’entreprise contre la connaissance du travail réel ? » : quand le management anesthésie la pensée

Dans son ouvrage, Ibrahima Fall invite à « réformer les mentalités » pour que le management accepte la part d’imprévisibilité du travail et qu’il favorise l’imagination, la créativité des salariés et finalement la reconnaissance de soi dans les tâches effectuées.

Par 

Publié le 18 juillet 2023 à 09h34, modifié le 21 août 2023 à 08h35

Temps de Lecture 2 min.

Article réservé aux abonnés

Pour Ibrahima Fall, la pandémie mondiale a agi comme un révélateur. Elle a mis en exergue une « crise du jugement », et notamment une « crise du jugement dans le management ». Le président fondateur du cabinet d’études Hommes & décisions, docteur en sciences de gestion Mines Paris-PSL, en veut pour preuve les fragilités apparues à cette occasion dans trois secteurs en raison des pratiques managériales à l’œuvre : la biodiversité, gérée comme « un facteur de production sur le marché », la recherche scientifique comme « un portefeuille de projets à ROI [retour sur investissement] garanti », et les « hôpitaux comme des hôtels ».

Dans son essai L’Entreprise contre la connaissance du travail réel ? (L’Harmattan), M. Fall démonte avec précision la mécanique de ce management aux redoutables effets : « décorrélé de toute finalité qui ne serait pas économique », il est porté par des ambitions court-termistes, se refusant à prendre en compte les impacts sur le temps long des actions de l’entreprise sur les sphères environnementale, sociale et sociétale.

Surtout, ce management, qui a cours aujourd’hui dans les organisations bien au-delà des seules sphères de la biodiversité, de la recherche ou de l’hôpital, tend à nier le « réel » et avec lui l’incertitude, la singularité des situations et des environnements. Il ne veut pas d’imprévu. Les procédures et les chiffres sont là pour donner un cadre.

En conséquence, la pensée est anesthésiée, la créativité empêchée. C’est « l’effondrement du questionnement dans les entreprises », analyse l’auteur. Et voici ainsi l’homme résumé à « son versant travailleur ». Seule compte sa capacité à s’adapter au travail prescrit : on nie alors le nécessaire écart entre ce dernier et le travail réellement effectué.

Redonner une place centrale au réel

Pour ce faire, le travailleur doit disposer de soft skills (compétences comportementales) que le management met volontiers en avant. Cela permet, dans le même temps, « une déresponsabili[sation] totale des entreprises quant à la non mise en œuvre d’environnements capacitants, c’est-à-dire propices au développement des individus », relève M. Fall. L’homme s’adapte, mais le travail, lui, n’est pas soumis au débat.

Cette philosophie gestionnaire qui s’accompagne d’une « infantilisation » du corps social de l’entreprise a des conséquences négatives sur les salariés. Elle est source d’un désengagement au travail et de problèmes de santé mentale. Elle peut aussi se révéler néfaste à long terme pour les organisations concernées.

Il vous reste 40.35% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.