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« Un compromis salarial en crise » : la négociation sous la pression du capitalisme financier

La négociation d’entreprise apparaît aujourd’hui malmenée dans de nombreuses organisations, notent les auteurs de cet ouvrage collectif réalisé sous la direction de Baptiste Giraud et Camille Signoretto. Les syndicats sont bien souvent contraints d’accompagner le déploiement d’ « instruments de gestion imposés par le capitalisme financier ».

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Publié le 23 novembre 2023 à 08h02

Temps de Lecture 2 min.

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Un leitmotiv est porté par les gouvernants français depuis une vingtaine d’années. Les décideurs politiques encouragent avec insistance la « culture du dialogue social », valorisent la négociation d’entreprise. Mais pour les auteurs de l’ouvrage Un compromis salarial en crise, il s’agit avant tout d’une « incantation », d’une « vision enchantée » trompeuse. Sous la direction de Baptiste Giraud, maître de conférences en sciences politiques, et Camille Signoretto, maître de conférences en économie, l’essai s’attache ainsi à montrer, au fil des pages, comment cette exhortation au dialogue social de proximité se heurte aux réalités des organisations où les « transformations du capitalisme jouent à plein ».

Dans quelles conditions les salariés et leurs représentants parviennent-ils encore aujourd’hui à négocier des compromis dans l’organisation du rapport salarial ? Pour répondre à cette problématique, les auteurs se sont lancés dans des enquêtes de terrain, afin de saisir la diversité des contextes socio-productifs où peut s’exprimer la négociation d’entreprise, des petites sociétés aux grands groupes.

C’est là l’une des richesses de l’ouvrage : il donne à voir la réalité quotidienne des relations professionnelles, mettant en évidence les multiples facteurs qui peuvent plonger dans l’impasse le dialogue entre directions et salariés mais aussi, en certains cas, maintenir son existence.

C’est dans certaines petites sociétés que la négociation d’entreprise apparaît la plus atone. L’ouvrage présente des salariés n’ayant que peu voix au chapitre. En cause, des dirigeants qui n’acceptent pas que leur politique puisse être discutée. Les auteurs mettent d’ailleurs en lumière leurs manœuvres, multiples, pour « contrôler la représentation du personnel » (cooptation des futurs élus, création d’un syndicat maison…). Les instances de représentation du personnel, lorsqu’elles existent, font bien souvent figures de caisses enregistreuses des décisions patronales.

L’essai montre toutefois que, sous certaines conditions, le compromis salarial existe. Dans une PME produisant des équipements agricoles, par exemple, les soudeurs apparaissent en position de force. Leur savoir-faire est rare. Ils en retirent un « pouvoir de négociation » qui leur permettra notamment d’obtenir une augmentation de salaire après avoir organisé un « ralentissement de la production ».

Dans son analyse du dialogue social, l’ouvrage s’attache à observer l’impact des « transformations de l’économie libérale » actuelles (rationalisation des process pour augmenter la productivité, individualisation des rémunérations et des évaluations…). Un impact particulièrement visible dans les grandes organisations où les syndicats sont bien implantés. Si les négociations parviennent à s’y maintenir, elles évoluent sous la « pression du capitalisme financiarisé », soulignent les auteurs, avec une conséquence : « la subordination des logiques des négociations d’entreprise à celles du marché ».

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