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Hongrie : victoire historique de la droite aux élections

Les conservateurs du Fidesz obtiennent les deux tiers des sièges au Parlement

Par  (Vienne, correspondante) et Joëlle Stolz

Publié le 26 avril 2010 à 10h20, modifié le 26 avril 2010 à 12h32

Temps de Lecture 3 min.

Une"révolution dans les bureaux de vote" : c'est en ces termes que le chef de la droite conservatrice en Hongrie, Viktor Orban, a qualifié la victoire écrasante de son parti, le Fidesz, fort d'une majorité des deux tiers des sièges au Parlement, à l'issue du second tour des élections législatives, dimanche 25 avril.

Après avoir rongé son frein depuis 2002 dans l'opposition, le Fidesz a remporté 263 sièges sur 386, s'assurant un contrôle total du pouvoir législatif. Trois circonscriptions seulement, sur 176, lui ont échappé : deux à Budapest, où le Parti socialiste MSZP, jusqu'alors au pouvoir, a pu sauver un ultime réduit, portant à 59 le nombre de ses députés ; et la région déshéritée de Edelény, dans le nord du pays. Malgré l'investissement personnel de M.Orban, elle a accordé la victoire à un candidat indépendant, Oszkar Molnar. Exclu du Fidesz pour des propos antisémites et racistes contre les Tziganes, M.Molnar avait reçu le renfort de l'extrême droite, qui s'est désistée en sa faveur.

Le parti anti-européen Jobbik, habitué des diatribes contre les juifs et les Tziganes, devient d'emblée la troisième force parlementaire, avec 16,7 % des voix. Il n'a réussi nulle part à devancer la droite, mais peut aligner, grâce à un système panachant listes uninominales et listes de parti, un groupe de 47 députés. La jeune formation LMP ("Une autre politique est possible"), d'orientation écologiste libérale, entre, elle aussi, au Parlement avec 16 députés.

RUPTURE HISTORIQUE

Pour M.Orban, la cuisante défaite des socialistes – souvent issus de l'ex-appareil communiste – et le triomphe d'une droite attachée à la défense des minorités magyares en Europe, mais aussi à la "préférence nationale" par rapport aux entreprises étrangères, marquent une rupture historique. Cela confirme, dit-il, "une leçon que nous avons apprise au cours des vingt dernières années: un système ne peut pas être transformé, on ne peut que l'abattre".

Dans l'optique de cette révolution conservatrice d'une ampleur inédite dans l'Europe de l'Est, le Parti socialiste n'est pas une tendance parmi d'autres dans le jeu démocratique, mais le symbole honni d'une double contrainte: celle du communisme, puis des multinationales auxquelles le MSZP et ses alliés libéraux ou de centre gauche auraient trop largement ouvert les portes du pays.

"La Hongrie est le pays d'Europe centrale où l'on a, après la chute du mur de Berlin, le plus privatisé, démantelé la santé, l'école ou les infrastructures publiques telles que les chemins de fer", déclarait au Monde, lors d'un récent entretien à Budapest, un intellectuel proche de M.Orban, l'historien György Granasztoï. Selon lui, le Fidesz est appelé aujourd'hui à "représenter l'ensemble du politique en Hongrie: il lui faut pratiquer une politique nationaliste, avec des gestes forts comme l'octroi de la citoyenneté aux Hongrois vivant à l'extérieur des frontières, mais aussi une politique sociale".

Ces deux volets sont nécessaires, dit M.Granasztoï, pour "désamorcer les revendications du Jobbik", qui a absorbé l'aile droite radicale du Fidesz – non sans avoir été longtemps "couvé" par M.Orban, rappellent ses détracteurs.

MARGE DE MANŒUVRE ÉTROITE

Puisque le Jobbik s'est construit depuis 2007 autour de la Garde hongroise (une organisation de type paramilitaire, en principe interdite), M.Orban devrait renforcer la présence de la police dans les régions désertées par l'Etat, et nommer un ministre de l'intérieur à poigne. Son projet de réforme des lois sur la presse laisse craindre à l'opposition une mise au pas des médias.

Il sera plus difficile de relancer la croissance et l'emploi, tant la marge de manœuvre est étroite. Seul un prêt de 20milliards d'euros du Fonds monétaire international et de l'Union européenne a sauvé le pays de la faillite, fin 2008. "Il faudra desserrer un peu la discipline budgétaire, sans laisser filer le déficit, qui pourrait atteindre 7% du PIB en 2010", précise Tibor Navracsics, qui s'apprête à piloter, comme vice-premier ministre, une réforme drastique de l'Etat et de l'administration. Et les baisses d'impôt promises par le Fidesz? Dimanche, Viktor Orban a surtout évoqué l'histoire millénaire de la Hongrie.

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