Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

La loi Thévenoud : une autoroute pour Uber

En s’opposant à la « concurrence déloyale » des VTC pour les taxis, le législateur favorise un nouveau monopole, analyse Richard Darbéra, chercheur au CNRS.

Publié le 15 décembre 2014 à 16h37, modifié le 19 août 2019 à 14h01 Temps de Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

L'application Uber, centre névralgique de la société de VTC.

Les taxis tels que nous les connaissons sont appelés à disparaître. Ils sont appelés à disparaître parce que la technologie des applications mobiles a rendu obsolètes les deux réglementations qui font leur spécificité : le tarif administré (le taximètre) et le numerus clausus (le contingentement des licences).

Il n’y a plus de justification économique aux tarifs administrés. Le taximètre était là pour rassurer l’usager qui, ne pouvant pas savoir à l’avance le prix de la course, avait l’assurance que ce prix ne serait pas à la tête du client. Avec les applications mobiles, cette incertitude est levée. Les différentes offres de prix pour la même course peuvent s’afficher au moment de la commande. Le client peut choisir l’offre qui correspond à sa préférence en matière de service et de prix.

Le numerus clausus aussi avait une justification. Un mauvais boulanger perd sa clientèle, mais pas un mauvais taxi pour qui chaque nouvelle course est une rencontre avec un client différent. Il revenait donc au régulateur de contrôler la qualité du service en mettant des contraintes sur les véhicules et sur les chauffeurs. L’octroi d’une licence, mais surtout la menace de son retrait, était une manière sinon de garantir un service de qualité, du moins d’écarter de la profession les indélicats qui abuseraient du refus de course ou qui pratiqueraient trop souvent la « route de Shanghaï », ces itinéraires à rallonge destinés à faire tourner le compteur.

Toutes les applications mobiles offrent la possibilité pour le client de donner une note d’appréciation après chaque course. Elles exercent de ce fait un contrôle permanent de la qualité du service, nettement plus efficace que celui du numerus clausus.

Amendement ridicule

Partout dans le monde, ces applications mobiles font le succès des VTC, les voitures de transport avec chauffeur. Partout, mais pas en France.

En interdisant aux voitures de tourisme avec chauffeur la géolocalisation et en mettant des contraintes inutiles sur la « formation » de leurs chauffeurs, la loi Thévenoud a garanti aux taxis français un sursis pour le temps que durera la loi. Ne craignant pas le ridicule, l’ex-secrétaire d’Etat au commerce extérieur avait même fait passer à l’Assemblée nationale un amendement de dernière minute obligeant les VTC à retourner au garage entre chaque course, amendement que les sénateurs ont heureusement retoqué.

Paradoxalement, cette réglementation aberrante a pour effet d’avantager Uber sur ses concurrents VTC. En effet, la stratégie maintenant bien rodée d’Uber consiste à opérer à la limite de l’illégalité et à user de tous les recours de procédures pour gagner du temps tout en élargissant sa clientèle et en prenant à témoin l’opinion publique.

Il vous reste 49.73% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.