Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

La révolution numérique n’est pas l’« ubérisation »

L’éclairage. Contestée ou adulée, Uber est devenue l’emblème de la révolution numérique, constate Armand Hatchuel, professeur à Mines ParisTech. Non sans inconvénients.

Publié le 18 mars 2016 à 14h14, modifié le 22 mars 2016 à 15h17 Temps de Lecture 2 min.

Article réservé aux abonnés

Uber et les entreprises-plates-formes similaires surprennent non par leur activité ou leur inventivité, mais par les contrats marchands qui organisent leur production (Photo: siège d'Uber à San Francisco en 2015).

Il est très rare qu’un nom d’entreprise – Uber – désigne une révolution économique et sociale – l’uberisation. Contestée ou adulée, Uber est devenue l’emblème de la révolution numérique. Cette désignation permet la médiatisation et le débat public. Mais elle a des inconvénients : elle focalise l’attention sur un type de service numérique, visible et compréhensible de tous, mais qui n’est qu’une partie, peut-être transitoire, d’une révolution numérique plus large.

Dans le passé, Ford et Toyota ont donné leur nom à un grand mouvement industriel. Mais ni Microsoft, ni Apple, ni même Google, ni le français Dassault Systèmes n’ont eu ce privilège. Il est très rare d’entendre qu’une entreprise est menacée « d’Appleisation » ou de « Googleisation ». Certes, cela sonne moins bien, mais la réussite de ces deux géants et leur contribution à la révolution numérique peuvent inspirer, au moins autant, sinon plus que celle d’Uber.

Place du marché

Cette iconisation tient à une donnée culturelle qui débute avec la première révolution industrielle : il a toujours été plus facile de sensibiliser aux mutations du commerce et du travail qu’à celles de l’industrie ou des grands systèmes techniques. Or, Uber et les entreprises-plates-formes similaires surprennent non par leur activité ou leur inventivité, mais par les contrats marchands qui organisent leur production.

Comme une agence immobilière, elles ne vendent pas de biens ou de locations, mais l’information relative à ces services, et mettent en contact offreurs et demandeurs. Ainsi, l’uberisation retrouve une forme d’organisation très ancienne : celle de la place du marché. Encore faut-il que des producteurs viennent « librement » y vendre leurs marchandises ou leurs services.

En outre, l’uberisation s’appuie aussi sur la forme de production la plus ancienne : la production domestique, qui a longtemps été pensée comme une consommation. L’uberisation est donc doublement visible du grand public : chacun peut s’y voir à la fois comme client et comme fournisseur.

Sans préjuger des contentieux qui jalonnent l’uberisation, c’est là sa force. Mais c’est aussi sa faiblesse : elle ne peut produire que des services et des biens dont la qualité et l’inventivité sont compatibles avec la production domestique. La production uberisée de services à très haute valeur ajoutée reste à démontrer.

Des transformations plus profondes

Pour cette même raison, l’uberisation ne représente qu’un aspect partiel et superficiel de la révolution numérique. D’une part, l’uberisation n’existe que grâce au progrés des réseaux et des terminaux individuels (smartphones, connexions trés haut débit). Et les innovations à venir dans ces infrastructures pourraient aussi bouleverser ces nouveaux intermédiaires : pourquoi un grand réseau social ou un opérateur du Web ne serait pas aussi une plate-forme de services ?

Il vous reste 25.71% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.