Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

L’Assurance-maladie « pourrait fonctionner sans déremboursement ni augmentation des cotisations »

Le projet de réforme de la Sécurité sociale annoncé par François Fillon mettant en place un modèle mixte qui échapperait au hasard moral et à la sélection adverse, aborde le problème de l’Assurance-maladie d’une façon originale, selon l’économiste Jacques Thépot.

Publié le 22 février 2017 à 13h35, modifié le 22 février 2017 à 13h35 Temps de Lecture 3 min.

Article réservé aux abonnés

« Le projet de François Fillon distingue deux classes de risques : d’une part, les « gros » risques associés à des pathologies nécessitant une hospitalisation et/ou des suivis médicaux et, d’autre part, les « petits » risques qui ne mettent pas en péril l’individu » (Photo: Caisse primaire d'assurances maladie à Lille, en 2014).

Par Jacques Thépot, professeur émérite à l’université de Strasbourg

Le projet de réforme de la Sécurité sociale annoncé par François Fillon a suscité des cris à gauche et des chuchotements à droite. Le candidat à l’élection présidentielle a dû fournir des explications qui n’ont pas toujours été comprises. Il n’en reste pas moins que son projet aborde le problème de l’Assurance-maladie d’une façon originale qui mérite considération.

Deux modèles types d’Assurance-maladie sont envisageables d’un point de vue économique.

– D’une part, un modèle centralisé, avec une caisse unique, gérée par l’Etat, garantissant à chacun le remboursement intégral de tous les soins, quelle que soit sa situation et financé par des prélèvements obligatoires. Un tel système souffre de façon endémique de ce que les économistes appellent le « hasard moral » : les assurés comme les prestataires de soins (médecins, groupes pharmaceutiques, etc.) ont tendance à surutiliser le système. Les dispositifs de contrôle pour remédier au hasard moral sont défaillants. Cela conduit la caisse à dérembourser des soins, à imposer arbitrairement des tarifications et à s’endetter.

Dans un tel système, les gros risques sont pris en charge par une caisse publique qui se spécialise sur une classe homogène de risques principalement liés à l’hospitalisation. Les petits risques sont couverts par des compagnies d’assurance indépendantes

– D’autre part, un modèle concurrentiel, avec des compagnies d’assurance privées en concurrence qui offrent leur service selon une organisation similaire à l’assurance automobile : l’assurance est obligatoire mais chacun est libre de choisir sa compagnie.

Un tel système souffre d’un défaut également repéré par les économistes, la « sélection adverse » : les compagnies rechignent à assurer les personnes dont elles pensent qu’elles seront malades dans l’avenir, en raison d’antécédents ou d’autres caractéristiques.

Elles leur infligent des cotisations anormalement élevées. Il en résulte des déficiences en termes de couverture et des profits abusifs dus aux pratiques concertées qu’adoptent de fait les compagnies pour atténuer les effets de la sélection adverse.

Un modèle mixte

Le projet de François Fillon se ramène à mettre en place un modèle mixte qui échapperait à la fois au hasard moral et à la sélection adverse. Pour cela, il distingue deux classes de risques : d’une part, les « gros » risques associés à des pathologies nécessitant une hospitalisation et/ou des suivis médicaux, et, d’autre part, les « petits » risques qui concernent la vie de tous les jours et ne mettent pas en péril l’individu.

Il vous reste 48.91% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.