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« Le virage ambulatoire que prend le système hospitalier risque d’aggraver les inégalités sociales de santé »

Si une part de plus en plus importante des soins autrefois hospitaliers se déroule à domicile, il est à craindre que le niveau de ressources des patients ait un impact majeur sur les résultats des soins, explique le professeur de santé publique Thierry Lang.

Publié le 22 février 2017 à 11h18, modifié le 22 février 2017 à 11h18 Temps de Lecture 3 min.

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« La durée de séjour après un accouchement a été réduite à 4,2 jours. Une jeune femme qui rentre chez elle après un court séjour aura plus de risques de complications de sa grossesse s’il s’agit d’une famille monoparentale dans un logement insalubre, qu’une femme bien entourée retournant dans un logement confortable » (Photo: CHU d’Angers, 2013).

Par Thierry Lang, professeur de santé publique à l’université et au CHU de Toulouse, membre du Haut Conseil de la santé publique

Eviter l’hospitalisation lorsqu’il est possible de faire autrement est une proposition qui peut recueillir un large consensus. Lorsqu’on est malade ou alité après un traumatisme, on se sent mieux chez soi, entouré des siens.

Pour les responsables hospitaliers, ce « virage ambulatoire » est tout aussi intéressant. Tout ce qui peut réduire la durée moyenne de séjour hospitalier contribue à l’équilibre budgétaire des hôpitaux. Cette baisse de la durée moyenne de séjour s’observe dans la plupart des pays de l’OCDE.

Assurer un suivi attentif de cette partie du séjour qui ne se déroule plus dans le cadre hospitalier mais à domicile, si elle réduit les dépenses hospitalières, nécessite toutefois des coûts supplémentaires pour mobiliser des professionnels de santé et des acteurs sociaux, suivre les patients, répondre par téléphone ou par mail à leurs questions, effectuer des visites à domicile, assurer les soins, médicaments, aide ménagère…

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Or sauf exception, les dispositifs et les budgets de fonctionnement pour accompagner ce « séjour hospitalier à domicile » restent du domaine expérimental ou résultent de bonnes volontés. Certes, les médecins généralistes assurent une partie de ce suivi en ville, mais la coordination avec le système hospitalier reste difficile.

En résumé, le suivi des patientes et des patients à domicile après un séjour hospitalier réduit au minimum, repose sur leurs propres ressources, sociales, financières ou culturelles, sur leur entourage familial et la qualité de leur habitat. Or la qualité des soins à domicile est la garantie de la qualité des soins débutés en milieu hospitalier.

La France au premier chef

On sait qu’en France les soins pour les patients hospitalisés sont globalement très bons et délivrés quelle que soit l’origine sociale des patients. En revanche, pour les soins ambulatoires, de fortes inégalités de soins et de qualité des soins existent ; ces différences ont été par exemple documentées dans un échantillon de patients bénéficiant de l’Assurance-maladie. Il ne s’agit donc pas d’accès aux droits mais bien d’inégalités sociales de prise en charge.

Si une part de plus en plus importante des soins autrefois hospitaliers se déroule à domicile, il est à craindre que le niveau de ressources des patients ait un impact majeur sur les résultats des soins, qu’il s’agisse de la détection, de la prise en charge d’effets secondaires ou du succès des interventions.

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