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Les inégalités, fruits de la mondialisation... ou de l’impuissance politique ?

RECHERCHES. Dans sa chronique mensuelle, l’économiste Paul Seabright estime que seule une volonté politique forte en faveur d’une fiscalité plus redistributive peut empêcher la croissance des inégalités.

Publié le 08 juin 2017 à 12h54, modifié le 08 juin 2017 à 12h54 Temps de Lecture 3 min.

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« La réallocation de la production des entreprises à faible productivité et à faible rentabilité en faveur des entreprises plus productives et rentables est liée à l’augmentation des parts de marché des “superstar firms”. Elle se produit non seulement dans l’économie numérique, comme chez Apple ou Google, mais également dans la distribution, la pharmacie et l’industrie manufacturière traditionnelle ».

Partout, dans les pays industrialisés, les candidats aux élections ont fait campagne sur des promesses d’apprivoiser la mondialisation. Leurs propositions sont certes différentes, mais ils partagent l’espoir de maîtriser les processus qui mènent à la croissance des inégalités. Une étude d’une équipe de chercheurs du Massachusetts Institute of Technology, de Harvard et de l’université de Zurich montre combien leur tâche est difficile (« The Fall of the Labor Share and the Rise of Superstar Firms », David Autor, David Dorn, Lawrence Katz, Christina Patterson et John Van Reenen, Centre for Economic Policy Research, Discussion Paper n° 12041, lien vers PDF en anglais).

Selon les auteurs, des « entreprises vedettes » (superstar firms), cumulant grandes parts de marché et profits élevés, ont pris une importance croissante dans l’économie. C’est la cause principale de la baisse globale de la part de la rémunération du travail dans la valeur ajoutée des entreprises qui a eu lieu dans beaucoup de pays industrialisés depuis les années 1970. En France, par exemple, la part de la rémunération du travail a baissé de 75 % environ en 1980, jusqu’à moins de 65 % aujourd’hui.

Entreprises vedettes

On pourrait penser que ce phénomène est le résultat, dans la plupart des entreprises, d’une pression sur les salaires en faveur des profits. Selon cette hypothèse, il correspondait à une montée en puissance du patronat et à un affaiblissement de la concurrence permettant une augmentation des marges. Mais l’étude utilise des données détaillées par entreprise pour montrer qu’au contraire la part de la rémunération dans la valeur ajoutée n’a guère changé pendant cette période… au sein de chaque entreprise.

C’est donc une réallocation de la production des entreprises à faible productivité et à faible rentabilité en faveur des entreprises plus productives et rentables qui est en cause. Cette réallocation est liée à l’augmentation des parts de marché des entreprises vedettes. Elle se produit non seulement dans l’économie numérique, comme chez Apple ou Google, mais également dans la distribution, la pharmacie et l’industrie manufacturière traditionnelle.

Cette augmentation de parts de marché pourrait certes indiquer un affaiblissement de la concurrence. Mais plusieurs indices montrent que la croissance de la productivité et l’intensité d’innovation des superstar firms sont positivement associées à l’augmentation de leurs parts de marché. Cette dernière se révèle donc ­plus probablement le résultat d’une concurrence plus forte, liée à une baisse des coûts pour les consommateurs qui les incite à favoriser les entreprises les plus performantes.

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