Tribune. L’hôpital public, avec la création des Centres hospitaliers universitaires (CHU) en 1958, a largement participé au XXe siècle à la mise en place d’une médecine d’excellence de réputation mondiale. Alors que les talents sont toujours présents et les progrès technologiques sans précédent, l’hôpital connaît aujourd’hui la crise la plus profonde qu’il n’a jamais traversée.
Généralisée à l’ensemble de notre système de santé, cette crise justifie d’utiliser l’aspiration populaire actuelle à davantage de démocratie participative pour refonder notre système de santé. L’Institut Santé formule des propositions et invite à poursuivre le débat. Cette réflexion a pour objectif de reconstruire l’hôpital de demain de l’intérieur, mais aussi de repenser ses interactions avec les autres composantes d’un territoire de santé défini.
Que ce soit le passage aux 35 heures en 2002 à effectif égal, la mise en place de la tarification à l’activité en 2004, l’instauration d’une gouvernance d’entreprise en 2009 et d’une nouvelle gouvernance territoriale en 2015, les pouvoirs publics, en s’arc-boutant sur une vision isolée, fermée et immobilière de l’institution, l’ont durablement affaiblie face aux nouveaux enjeux du XXIe siècle.
L’hôpital public se trouve ainsi confronté aujourd’hui à des difficultés multiples dont les plus importantes sont le monopole administratif de la gouvernance, la perte d’attractivité pour le personnel médical, la surcharge de travail pour le personnel soignant et les difficultés d’établir un vrai partenariat public-privé et ville-hôpital.
Refondre l’organisation interne de l’hôpital
Robert Debré, père des CHU, évoquait « la fin prochaine des grandes bâtisses de pierre », avec un hôpital qui se fondra dans la ville et une médecine de ville qui exercera des activités réalisées auparavant en milieu hospitalier. Nous sommes sur cette voie, mais les conditions de réussite, en interne comme en externe de l’hôpital, de cette transformation ne sont pas encore présentes.
Il est nécessaire de refondre l’organisation interne de l’hôpital.
Un rééquilibrage des pouvoirs est nécessaire entre l’administration et la communauté médicale et paramédicale afin d’optimiser le service médical rendu dans le respect des contraintes financières et dans des conditions de travail optimisées pour les ressources humaines.
C’est la communauté médicale qui doit décider démocratiquement du choix de ses représentants au sein du directoire et des pôles d’activité redéfinis en fonction d’objectifs médicaux communs, plus que d’objectifs comptables. La diversification des profils des dirigeants, la professionnalisation du management médical, le développement d’une culture de l’évaluation par les pairs sont, entre autres, des évolutions urgentes à instaurer.
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