Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Paul Seabright : « Oui, la politique peut sauver l’environnement »

Une étude américaine prenant en compte, dans le calcul du produit intérieur brut, les coûts de la mortalité liée à la pollution montre que la croissance économique n’est pas incompatible avec la maîtrise de la crise climatique, explique le professeur d’économie.

Publié le 19 juin 2019 à 06h30 Temps de Lecture 3 min.

Article réservé aux abonnés

Chronique. Comme viennent de nous le rappeler les élections européennes, les choix de priorités relatives à la protection de l’environnement sont souvent faits à des moments de changement politique, pour des raisons liées davantage à l’évolution des sentiments qu’à de nouveaux constats scientifiques. L’importance prise dans le débat public par le réchauffement climatique et le scepticisme ambiant quant à la capacité du système politique à apporter des solutions nous ont peut-être fait oublier l’histoire d’autres pollutions atmosphériques, ainsi que les solutions politiques qui ont permis de les combattre avec succès.

Jusque dans les années 1960, la pollution atmosphérique sous forme de particules suspendues, notamment de charbon, fut une menace grave pour la santé, et elle continue à l’être encore aujourd’hui dans de nombreux pays en voie de développement, surtout en Inde et en Chine. Une étude américaine propose un chiffrage intéressant de ce phénomène (« Long-Run Environmental Accounting in the US Economy », Nicholas Z. Muller, NBER Working Paper).

« L’auteur de cette étude prend en compte les bénéfices dus à la réduction de mortalité, mais aussi les coûts des investissements nécessaires pour produire ce résultat »

L’auteur construit une mesure « augmentée » du produit intérieur brut (PIB) de l’économie américaine sur soixante ans, de 1957 à 2016, appelée Environmentally-Adjusted Value Added (EVA, valeur ajoutée ajustée par l’environnement). Le calcul consiste à soustraire à la valeur des biens et services produits par l’économie américaine les coûts de la mortalité précoce due aux maladies respiratoires induites par la pollution.

Au début des années 1950, la mortalité associée à la pollution était de quelque 430 000 décès annuels, et l’ajustement du PIB fait par l’auteur le réduit d’environ 30 %. Mais à partir de la fin des années 1950, et surtout à la suite du vote de la loi antipollution Clean Air Act, en 1970, les pouvoirs publics ont fait de grands progrès dans la maîtrise de cette pollution dont les effets mortels avaient diminué de près des trois quarts en 2016.

Pour bien comptabiliser cette évolution dans ses calculs de l’EVA, l’auteur prend en compte non seulement les bénéfices dus à la réduction de mortalité, mais aussi les coûts des investissements nécessaires pour produire ce résultat. Les avancées environnementales viennent en effet rarement sans coûts associés.

Or, malgré ces coûts, les bénéfices ont été si importants que le taux annuel de croissance de la mesure ajustée (EVA) a été plus élevé que celui du PIB d’environ un demi-point de pourcentage sur l’ensemble des six décennies. Pendant les années 1960, l’EVA avait encore une croissance plus faible que le PIB, mais à partir de 1970, elle est devenue clairement plus forte.

Il vous reste 32% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.