Tribune. Les assureurs français l’ont dit avec force et clarté : en 2021, les contrats pertes d’exploitation des entreprises ne couvriront pas le risque de pandémie du Covid-19. La raison en est simple : ces contrats fonctionnent en mutualisation et cela ne permet pas d’assurer un risque systémique où, quand un assuré est victime d’une perte, tous les autres le sont aussi.
La nature ayant horreur du vide, la Fédération française de l’assurance (FFA) a proposé un système appelé Catex, pour « catastrophes exceptionnelles ». Les modalités de couverture sont en discussion, mais, et c’est le plus important à ce stade, les assureurs se sont engagés sur une contribution à l’indemnisation des entreprises de 2 milliards d’euros, mutualisés au sein d’un pool géré par la Caisse centrale de réassurance (CCR).
Ce montant est important, si on le compare aux fonds propres de la CCR, mais c’est une goutte d’eau dans l’océan des pertes créées par une pandémie, pertes dont le montant résiduel après les aides publiques a été évalué pour le Covid-19 à plus de 55 milliards d’euros par la direction générale du Trésor, montant provisoire qui sera sans doute réévalué.
L’assurance repose sur la mutualisation et la capitalisation
Les assureurs proposent que l’Etat prenne en charge les pertes au-delà de cette limite. On voit mal à quel titre on pourrait ainsi préempter de futures dépenses publiques, et il ne s’agirait en tout état de cause, non d’un mécanisme d’assurance, c’est-à-dire d’une démarche d’anticipation du risque par les assurés, mais d’une aide apportée a posteriori par les fonds publics.
L’Etat n’a pas attendu un tel dispositif pour aider les entreprises dans le besoin, et il le fait déjà de multiples manières. Le risque de pandémie est-il en fait inassurable ? Non, car l’assurance repose sur deux piliers : la mutualisation et la capitalisation. Pour faire véritablement bouger les lignes, c’est la muraille de Chine qui sépare l’assurance dommage gérée en mutualisation et l’assurance-vie en capitalisation qu’il faudrait aujourd’hui abattre.
Comment y parvenir ? Il ne s’agit pas simplement de demander aux entreprises d’accumuler des réserves pour leur permettre d’absorber le choc d’une future pandémie. Ce serait peu efficace et trop coûteux. C’est plutôt dans les techniques financières des « hedge funds » (que l’on traduit en français par « fonds spéculatifs ») et des produits dérivés que se trouve la solution, et il n’est sans doute pas inutile de se rappeler qu’« hedge » veut en réalité dire en anglais couverture ou protection. De quoi s’agit-il ?
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