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Charlotte Epstein : « Avec cette pandémie, la surveillance du et par le corps a été accélérée et normalisée »

Pour la professeure de théorie politique, le corps est devenu le point d’application du pouvoir étatique et, rappelle-t-elle, « l’histoire de la surveillance le montre, cet appareillage du quotidien n’est pas près d’être démantelé au sortir de la pandémie ».

Publié le 14 janvier 2021 à 06h00, modifié le 14 janvier 2021 à 07h38 Temps de Lecture 5 min.

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Tribune. Les programmes de vaccination commencent à ouvrir la perspective d’une sortie de la pandémie. Cela nous donne l’occasion de revenir sur le rapport entre le corps et l’Etat qui est aux fondements de la modernité politique.

D’un côté, nous assistons aujourd’hui au retour en force de l’Etat. Que ce soit la Chine, qui, après un balbutiement initial, a mobilisé les ressources d’un Etat fort pour contenir la contagion d’abord, puis vacciner ; ou les démocraties dites « libérales », traditionnellement plus sceptiques à l’idée d’interventionnisme, comme l’Australie ou l’Allemagne, partout les politiques de gestion de la pandémie ont été l’occasion pour l’Etat de s’affirmer, y compris aux frontières où on ne l’y voyait plus beaucoup.

En ce début d’année 2021, l’Etat est méconnaissable : il dépense à tour de bras et déploie de grands programmes de vaccination et de soutien à l’emploi. Les anciennes réticences sont tombées, qui empêchaient toute remise en cause des politiques d’austérité instaurées après la crise financière de 2008-2009, et qui semblaient pourtant indélogeables il n’y a pas si longtemps encore.

« Désormais, le corps est traqué, ausculté, mesuré dans les moindres fluctuations de ses températures comme jamais avant la pandémie »

Ce qui n’a pas empêché des cafouillages (nombreux) dans la gestion de la pandémie ; mais, globalement, l’Etat en sort grandement renforcé. Les projets interétatiques ont eux aussi reçu une nouvelle impulsion, comme la construction européenne, par exemple, qui a fait un bond en avant avec l’adoption de la première dette commune, le 21 juillet 2020.

D’un autre côté, la surveillance du et par le corps a été accélérée et normalisée. Désormais, le corps est traqué, ausculté, mesuré dans les moindres fluctuations de ses températures comme il n’eût été ni acceptable ni possible avant la pandémie. Jamais nous n’en avons su autant sur les anticorps ou les mécanismes de transmission virale ; le corps est devenu une obsession nationale et internationale.

A l’origine de l’Etat

La diffusion généralisée des appareils et autres applications de surveillance des individus dans leur quotidien devient de plus en plus difficile à remettre en question, puisque nous sommes tous censés être impliqués dans la lutte contre la transmission du virus. C’est-à-dire pour un bien commun défini à l’aune du corps. Notre sécurité est devenue corporelle avant tout. Ce corps tant mis en exergue est le point d’application de ce pouvoir étatique accru. De plus, l’histoire de la surveillance le montre, cet appareillage du quotidien n’est pas près d’être démantelé au sortir de la pandémie.

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