Tribune. Après plusieurs jours d’âpres discussions, les parlementaires ont voté le 25 juillet, une nouvelle loi de sécurité sanitaire décrivant les modalités de l’obligation de se munir d’un passe sanitaire – autre nom d’une vaccination obligatoire – pour avoir accès aux lieux publics, dont les hôpitaux et les maisons de retraite.
Dans son article 1er, les parlementaires ont précisé l’accès à ces établissements de santé : « Sauf en cas d’urgence, les services et établissements de santé, sociaux et médico-sociaux ne pourront accueillir les personnes accompagnant ou rendant visite aux personnes accueillies dans ces services et établissements, ainsi que celles qui y sont accueillies pour des soins programmés » sans la présentation du résultat d’un examen de dépistage virologique ne concluant pas à une contamination par le Covid-19, ou d’un justificatif de statut vaccinal concernant le Covid-19, ou d’un certificat de rétablissement à la suite d’une contamination par le Covid-19.
Il faut encore attendre l’avis du Conseil constitutionnel [attendu le 5 août] pour une adoption définitive, mais les soignants s’inquiètent déjà au moins des modalités d’application dans les hôpitaux.
Mesures sécuritaires
Dans la perspective d’une quatrième vague épidémique risquant d’entraîner une nouvelle fois une saturation des hôpitaux, une déprogrammation des patients non-Covid, un épuisement des professionnels, obligés de se faire vacciner par cette même loi, et dont le manque ne fait que s’accroître, le gouvernement veut aller vite pour sauver le système de santé. Mais en voulant sécuriser les hôpitaux publics, n’y admettant que les « bons » patients et leur famille, il risque de remettre en question le principe fondamental qui fonde l’hôpital public : l’hospitalité, pour toutes et tous, riches et pauvres, femmes et hommes, enfants et vieillards, de toute culture, de toute religion, sans différences.
Si ce principe est déjà bien mis à mal après des décennies de réformes budgétaires responsables d’une inégalité criante d’accès aux soins de qualité, ces mesures sécuritaires nouvelles risqueraient d’aggraver ces inégalités, en excluant de fait les patients qui, pour des raisons multiples, ne peuvent pas se munir du passeport sanitaire.
Si les aspects pratiques n’ont pour le moment pas été discutés (contrôles aux entrées des établissements par des agents de sécurité par exemple, éjection des contrevenants, etc.), les soignants s’interrogent déjà après ces annonces vécues comme autant de menaces envers des principes éthiques qu’ils défendent : autonomie, bienfaisance, non-malfaisance et justice.
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