Tribune. D’un côté les progressistes, le camp de la raison, les vaccinés. De l’autre, ceux à qui il suffit de traverser la rue pour trouver du travail, ces « conservateurs », ces fanatiques, ces non-vaccinés. Monter les Français les uns contre les autres n’est pas digne de la fonction présidentielle.
La crise des « gilets jaunes » n’a pas pris fin grâce à des réponses apportées aux tensions sociales : elles ont été insuffisantes. Si le monde entier ne faisait pas face à une pandémie, les manifestants seraient encore dans la rue, à réclamer respect et considération. Le terreau – fertile – de la colère est toujours là. Le président de la République doit cesser de l’alimenter. Cette stratégie de communication est à la fois cynique et irresponsable.
Cynique parce qu’en pleine crise sanitaire et période de campagne, le président sait pertinemment, qu’elle ne froisse pas son électorat. Bien au contraire, elle le renforce. Irresponsable, parce qu’elle nuit gravement à la cohésion nationale, dont il est pourtant le garant.
L’hôpital mérite mieux
Elle est aussi calculatrice. Au mois de mars 2020, nous étions en guerre contre le virus. Le président avait raison de le dire. L’ennemi, il convient de le nommer à nouveau : SARS-CoV-2. Inélégant et mortifère, c’est bien contre lui que le gouvernement et la représentation nationale doivent, ensemble, se battre.
La marginalisation et le mépris des non-vaccinés sont un appel à la violence
En jetant l’opprobre et en polarisant sur les non-vaccinés, Emmanuel Macron détourne l’attention des Français de la situation délétère dans laquelle se trouvait déjà l’hôpital, bien avant la crise sanitaire. Les soignants sont épuisés. A quelques mois de l’élection présidentielle, l’hôpital mérite mieux qu’un débat hystérisé sur la vaccination.
Mais il y a plus grave encore. Le président et le gouvernement sont en train d’ouvrir une porte dangereuse qui risque de faire basculer notre Etat de droit vers un Etat moral. Selon l’article 11 de la Déclaration universelle des droits de l’homme : « Nul ne sera condamné pour des actions ou omissions qui, au moment où elles ont été commises, ne constituaient pas un acte délictueux d’après le droit national ou international. De même, il ne sera infligé aucune peine plus forte que celle qui était applicable au moment où l’acte délictueux a été commis. »
Sans obligation vaccinale inscrite dans le droit positif, le passe vaccinal va priver une partie des citoyens français de nombreuses libertés fondamentales, dont celle d’aller et de venir, pour le seul fait d’être « irresponsables ». Et le rôle du législateur n’est pas de dire ce qui est « bon » ou « mauvais », mais de définir ce qui est légal et ce qui ne l’est pas.
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