A l’occasion des élections législatives de juin, le Conseil de l’ordre des sages-femmes de Paris, qui compte mille trois cents sages-femmes, soit le plus gros contingent de France, veut interpeller les futurs députés sur leurs propositions concrètes et sur la politique qu’ils comptent mettre en œuvre pour pallier la dramatique pénurie de sages-femmes en France, particulièrement dans les maternités parisiennes.
En effet, et après avoir questionné les sages-femmes, les maternités où elles exercent nous font remonter des chiffres en mai allant jusqu’à treize postes vacants de sages-femmes pour certains établissements, soit environ soixante-sept sages-femmes pour les quelque seize, bientôt quinze maternités parisiennes publiques ou privées avec, de surcroît, des chiffres très en dessous de la réalité, car ne comprenant pas les absences liées à des congés maladie ou maternité.
Rien qu’à Paris, le nombre de sages-femmes manquant à l’appel est l’équivalent, en nombre de postes, à la fermeture de l’une des plus grandes maternités de la capitale. Et les chiffres de cet été seront pires, avec le non-remplacement des congés annuels.
Les sages-femmes quittent la profession et se reconvertissent, du fait de conditions de travail de plus en plus dégradées qui ne leur permettent pas de réaliser les missions pour lesquelles elles se sont engagées, et d’une reconnaissance et d’un salaire très en deça de leurs responsabilités, sans compter la mise en place de la sixième année d’étude.
Une pénurie quasi structurelle
La situation connaît une dégradation dramatiquement exponentielle, mais n’est pas nouvelle. Depuis plusieurs années, la périnatalité et la sphère gynécologique sont sous tension, et la pénurie de sages-femmes est devenue quasi structurelle.
En effet, par exemple, un secteur de nuit comptant plus de cinquante lits d’hospitalisation fonctionne actuellement sans sage-femme, des services de consultations et d’échographies pratiquées par les sages-femmes sont fermés parfois depuis plusieurs mois, les séances de préparation à la naissance et à la parentalité ne sont quasiment plus assurées dans les maternités, et le secteur libéral, l’hospitalisation à domicile, les centres de protection maternelle et infantile et les plannings familiaux sont fortement impactés.
Mais, outre les sages-femmes qui, comme tous les soignants, sortent épuisées de la crise sanitaire, et dont la profession traverse une crise sans précédent, les premières victimes de ce déficit en sages-femmes, ce sont, évidemment, les femmes elles-mêmes.
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