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« Aujourd’hui, nous en sommes rendus à ne plus avoir assez de sages-femmes pour faire les accouchements »

Analysant les causes de la désaffection des sages-femmes dans les services hospitaliers, Israël Nisand, professeur émérite de gynécologie obstétrique, préconise, dans une tribune au « Monde », un allongement de leur formation afin d’effectuer un internat dans une maternité.

Publié le 27 juillet 2022 à 10h00, modifié le 28 juillet 2022 à 15h21 Temps de Lecture 4 min. Read in English

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Il est des crises sanitaires véritablement difficiles à anticiper. Mais celle qui arrive cet été 2022, liée au manque dangereux de sages-femmes en salles de naissance, obligeant certaines maternités à baisser le rideau ne fût-ce que temporairement, pouvait, hélas, être prévenue, car les causes en sont connues depuis longtemps.

Les femmes enceintes sont désormais exposées à se voir ballotter, et le mot est faible, au moment où elles ont le plus grand besoin de stabilité et d’une confiance totale dans le lieu qu’elles ont choisi pour leur accouchement. Pourvu que cette crise, pour finir, ne se solde par aucun accident grave, lié au manque de place disponible dans les maternités, tout particulièrement en Ile-de-France.

Le tissu hospitalier, déjà bouleversé par l’épidémie de Covid mais surtout par les restrictions de personnel subintrantes qui se sont succédé depuis trente ans « pour faire des économies », est à l’os. Mais tout de même, le nombre de maternités est passé de 1 375 dans les années 1970 à 480 de nos jours.

Un salaire insuffisant et des conditions difficiles

Et l’augmentation parallèle du nombre de sages-femmes, passé de 18 000 en 2011 à 23 400 en 2021, sans compter les 1 000 diplômes décernés chaque année, ne manque pas de laisser interrogatif sur les causes de cette situation critique en salles de naissance. Les deux courbes se croisent tellement qu’on aurait pu s’attendre à une embellie. D’où vient donc cette « évaporation » considérable des sages-femmes dans les services hospitaliers ?

Alors risquons-nous à quelques hypothèses soutenues par les chiffres de la DRESS de 2021 et à quelques observations de bon sens : le salaire des sages-femmes, en moyenne à 1 800 euros en début de carrière, est évidemment insuffisant au regard des responsabilités, des contraintes horaires et des 2 300 euros moyens qu’elles perçoivent lorsqu’elles exercent en activité libérale.

A-t-on pensé à rémunérer correctement la pénibilité du travail obstétrical en garde ? A-t-on pensé à indemniser à sa juste hauteur le travail nocturne et le stress de la salle d’accouchement ? Les conditions de travail en milieu obstétrical sont-elles acceptables aujourd’hui, à l’heure des remplacements continuels de collègues démissionnaires, ou simplement arrêtées, rendant insoutenable pour les familles des sages-femmes salariées l’instabilité des horaires ?

Le libre choix au sortir de l’école n’est pas raisonnable

Si le travail de consultation pré et postnatal est certes important, peut-on accepter que les perspectives de la profession pour 2050, selon les analyses de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), fassent état d’une augmentation de 70 % des effectifs en activité libérale contre seulement 1 % de plus dans les maternités ? Il est certes important de suivre les grossesses, mais aujourd’hui nous en sommes déjà rendus à ne plus avoir assez de sages-femmes pour faire les accouchements.

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