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« Contre la résistance aux antibiotiques, la recherche et la production publiques de médicaments s’imposent »

Le désintérêt des multinationales pharmaceutiques compromet une réponse adaptée au fléau de l’antibiorésistance, alertent, dans une tribune au « Monde », l’anthropologue Charlotte Brives et les militants associatifs Pauline Londeix et Jérôme Martin.

Publié le 21 novembre 2022 à 06h00, modifié le 21 novembre 2022 à 06h00 Temps de Lecture 3 min.

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La Journée mondiale de prévention de l’antibiorésistance qui s’est tenue le 18 novembre a alerté sur cette menace sanitaire croissante considérée par les instances internationales comme l’une des grandes priorités de santé mondiale de ce siècle.

L’antibiorésistance est susceptible de compromettre des décennies d’avancées médicales, notamment de pratiques d’interventions chirurgicales, de néonatalogie et de réanimation, de traitements contre le cancer comme les chimiothérapies, et de greffes d’organes. On estime que l’antibiorésistance provoque 35 000 décès par an aux Etats-Unis, 33 000 en Europe et 5 500 en France. En 2019, on lui imputait 1,27 million de morts dans le monde.

Face à ce fléau, le constat de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est alarmant : « Le pipeline clinique de nouveaux antimicrobiens est à sec. » L’OMS n’a identifié en 2019 que 32 antibiotiques en développement clinique qui répondent à sa liste des agents pathogènes prioritaires, dont seulement 6 ont été classés comme « innovants ». De plus, l’instance internationale s’alarme des pénuries d’antibiotiques qui touchent des pays à tous les niveaux de développement.

Pistes prometteuses abandonnées

On peut douter du fait que le modèle actuel de recherche et développement (R&D), reposant sur les choix financiers des multinationales pharmaceutiques, soit à même de pleinement répondre aux enjeux. A titre d’exemple, des pistes prometteuses en matière de développement de nouveaux antibiotiques ont, dans un passé récent, été abandonnées. Comme celle poursuivie par la firme Achaogen, qui avait développé, grâce à de l’argent public et caritatif anglais et américain, un nouvel antibiotique prometteur face aux résistances dans le traitement d’infections urinaires et rénales, la plazomicine. Malgré l’obtention d’une mise sur le marché par la Food and Drug Administration, le régulateur américain, en juin 2018, la firme n’a pas attiré les investisseurs boursiers. En 2019, Achaogen, contraint au dépôt de bilan, a dû abandonner la plazomicine, qui n’a jamais été commercialisée.

Lire aussi une chronique livre : Article réservé à nos abonnés Face aux résistances aux antibiotiques, un nouveau regard sur les phages

D’une manière générale, la désertion des multinationales pharmaceutiques des domaines de recherche qui ne lui garantissent pas de retours sur investissements à court terme compromet une réponse adaptée à ce problème de santé publique. De surcroît, et même si la mise au point de nouveaux antibiotiques pourrait permettre de répondre momentanément à l’antibiorésistance, l’arrivée de nouvelles molécules chimiques ne permettra pas de traiter le problème en profondeur, ou seulement partiellement et momentanément.

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