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« L’opinion publique américaine s’est accommodée pendant des décennies du déclin des syndicats. Ce n’est plus le cas »

Du cinéma à l’automobile en passant par le secteur des services, les grèves se multiplient de façon inédite. Le mouvement se nourrit du désenchantement des classes moyennes face à la montée des inégalités, explique Stéphane Lauer, éditorialiste au « Monde ».

Publié le 03 septembre 2023 à 18h14, modifié le 04 septembre 2023 à 10h06 Temps de Lecture 3 min. Read in English

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Evidemment, vus de France, patrie de la conflictualité sociale, les mouvements de grève en cours aux Etats-Unis n’ont rien d’impressionnant. Depuis le début de l’année, un peu plus de 323 000 salariés ont débrayé. Une goutte d’eau pour un pays qui en compte 136 millions. Le « grand soir » n’est pas pour tout de suite. Malgré tout, cela faisait plusieurs décennies qu’une telle ébullition n’avait pas été constatée.

De la très médiatique grève des acteurs et des scénaristes à Hollywood aux infirmières, en passant par le personnel de nettoyage dans les hôtels ou les serveurs dans la restauration, les revendications se multiplient. Ces dernières semaines, sous la pression des syndicats, les pilotes d’American Airlines ou les livreurs d’UPS ont déjà obtenu de substantielles augmentations salariales. Le 14 septembre, les contrats des 150 000 salariés de Ford, General Motors et Stellantis arrivent à échéance. L’United Auto Workers (UAW), le syndicat du secteur automobile, a appelé à stopper le travail si les trois constructeurs ne consentaient pas à la semaine de 32 heures et à une hausse des rémunérations de 46 % répartie sur quatre ans.

La situation n’a rien à voir avec celle qui prévalait avant 1980. Entre la seconde guerre mondiale et l’élection de Ronald Reagan, chaque année, entre 1 million et 4 millions d’Américains avaient recours à la grève. Le point de bascule intervient en août 1981, quand le président fraîchement élu casse la grève illégale des contrôleurs aériens en licenciant les grévistes et en les remplaçant au pied levé par des militaires. Le mouvement syndical américain ne s’est jamais remis de cet épisode. Le taux de syndicalisation, qui avait atteint son apogée en 1954 avec plus d’un tiers des salariés affiliés à une organisation, est tombé à 10 %.

Renversement du rapport de force

Comme le notent les sociologues Judith Stepan-Norris et Jasmine Kerrissey dans leur dernier ouvrage Union Booms and Busts (Oxford University Press, 2023, non traduit), les législations défavorables se sont multipliées. Des Right-to-Work Laws, ces lois sur le « droit de travailler » sont en vigueur dans plus de la moitié des Etats américains. Elles interdisent les accords syndicaux avec les employeurs et privent les organisations des cotisations versées par les salariés. Par ailleurs, la loi sur les faillites permet à une entreprise de se réorganiser et d’annuler tous les accords négociés précédemment avec les syndicats. Enfin, les entreprises ont de plus en plus recours à des cabinets de conseil pour les aider à éviter l’implantation de syndicats (Union Avoidance).

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