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Transport sanitaire : « L’absence de dialogue avec les artisans taxis et de mesures d’accompagnement témoigne d’une gestion technocratique et centralisée »

L’économiste Pascal Perez dénonce, dans une tribune au « Monde », le processus technocratique qui a conduit à la grève des taxis le 11 décembre, et montre que des négociations préalables et locales auraient été nécessaires

Publié le 17 décembre 2023 à 10h00 Temps de Lecture 3 min.

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Une disposition de la loi de finances sociales de 2024 vise à réduire le coût du transport sanitaire par taxi, en en baissant le prix quand le transport partagé des patients est possible, via une plate-forme de réservation spécifique. Le 11 décembre, une grève nationale des taxis protestant contre cette disposition a causé d’importantes perturbations de la vie de nos concitoyens dans les grandes villes du pays.

L’impératif de limiter à 10 milliards d’euros en 2024 le déficit de la Sécurité sociale n’est pas discutable. Le transport de plusieurs patients vers l’hôpital dans un taxi est un gisement d’économies. La gratuité pour les patients des services d’ambulance, de véhicules sanitaires légers et de taxis coûte 5 milliards d’euros par an à la Sécurité sociale.

Certes, cette gratuité permet des économies, car un patient peut renoncer à venir à l’hôpital si un taxi demande 120 euros pour un aller-retour : en conséquence, son invalidité risque d’être plus longue et donc de coûter davantage à la Sécurité sociale. Un taxi gratuit évite le maintien à l’hôpital d’un patient pour un traitement chronique.

Mais la recherche d’économie s’impose. Si deux patients prennent le même taxi, le coût diminue. Le transport sanitaire partagé représente 30 % des déplacements de patients en Guyane, où le parc automobile est peu développé, mais seulement 15 % en moyenne nationale. Le transport sanitaire partagé existe en Espagne, où des minibus spécifiques sont utilisés.

Des écarts qui auraient dû alerter

Un rapport d’information de l’Assemblée nationale de février 2022 sur les transports sanitaires proposait une réforme complète pour améliorer son efficacité et réduire son coût. Le prix d’un taxi sanitaire est au minimum de 50 euros. Le rapport révélait de grands écarts de coût annuel par habitant selon les régions. Ainsi, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur est la deuxième région, avec 72 euros. La Réunion est en tête, avec 101 euros, la région des Pays de la Loire est dans la moyenne basse, avec 40 euros. L’ampleur des écarts aurait dû alerter sur le risque de rejet d’une disposition applicable uniformément dans le pays.

Par manque d’ambition réformatrice, des seize propositions des députés, le ministère de la santé n’en a retenu qu’une, la baisse des tarifs et l’usage obligatoire d’une plate-forme de réservation. Mais il était illusoire d’espérer imposer une baisse de revenus aux taxis sans concertation préalable et sans mesure d’accompagnement.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Transports : « Rompre radicalement avec les habitudes du passé »

L’après-midi du 11 décembre, en pleine grève des taxis, le ministère de la santé annonce renoncer à imposer une plate-forme et propose de rencontrer les professionnels. Ainsi va l’art de la réforme en France ! L’absence de dialogue avec les artisans taxis et de mesures d’accompagnement témoigne d’une gestion technocratique et centralisée.

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