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« Les menaces qui pèsent sur la santé vont demeurer au centre de l’histoire du progrès et de ses reculs »

Angus Deaton, Prix Nobel d’économie 2015, s’interroge, dans une tribune du « Monde », sur le caractère temporaire ou prémonitoire des revers subis en matière de santé et de bien-être pendant la décennie écoulée.

Publié le 29 décembre 2023 à 12h00, modifié le 30 décembre 2023 à 07h01 Temps de Lecture 6 min. Read in English

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Dans La Grande Evasion, publié il y a dix ans (traduit chez PUF en 2016), je racontais comment la vie humaine s’est améliorée au cours des deux cent cinquante dernières années, notamment en termes de longévité et de niveau de vie matériel. Mais la dernière décennie n’a pas été tendre avec mon récit débordant d’optimisme. J’avais peut-être raison en 2013, mais ce n’est probablement plus le cas aujourd’hui, même pour l’individu moyen. Nous ne savons pas si cette régression sera temporaire ou si elle ne fera qu’empirer à l’avenir.

Si les tendances de long terme vers le progrès sont nettes, l’histoire n’apporte rien qui puisse encourager un optimisme aveugle. Les progrès du bien-être humain se sont régulièrement heurtés à des retours en arrière, dont certains se sont traduits par d’inimaginables dégâts. Au cours du seul XXe siècle, des jeux politiques désastreux, nationaux ou internationaux, ont causé des dizaines de millions de morts, avec deux guerres mondiales, la Shoah et les orientations meurtrières décidées par Staline et Mao.

La pandémie de grippe, de 1918 à 1920, a peut-être tué 50 millions de personnes, sur une population totale inférieure à 2 milliards. L’épidémie de sida a déjà causé la mort de quelque 40 millions de personnes et plus d’un demi-million continuent chaque année d’en mourir, la plupart en Afrique subsaharienne.

Plus récemment, l’Organisation mondiale de la santé estime que le Covid-19 a tué à ce jour environ 7 millions de personnes – voire plusieurs fois ce nombre – , la plupart dans les pays riches, dont 1,2 million d’Américains. La pandémie a stoppé la croissance économique dans de nombreux pays et a certainement interrompu le recul de la pauvreté dans le monde (mais puisqu’elle a aussi perturbé la collecte des données, l’incertitude sur les chiffres est grande).

Catalogue déprimant

Généralement, après de telles catastrophes, les progrès reprennent leur cours, et les redressements qui s’ensuivent aboutissent à des résultats en matière de santé et de richesse qui surpassent les niveaux de la période précédente. Certes, ce fait historique n’est d’aucun réconfort à ceux qui sont morts ou ont perdu des proches. Le progrès n’efface pas les horreurs. Mais il entretient l’espoir d’une vie meilleure pour les survivants et les générations suivantes.

Malheureusement, cette fois-ci, nous ne sommes pas assurés que ces progrès se poursuivent.

Dans mille ans, ou peut-être avant, les 250 années qui se sont écoulées depuis la fin du XVIIIe siècle paraîtront peut-être un âge d’or lointain et révolu, un éclair dans le panorama de l’histoire, une exception à l’état normal de misère et de mort prématurée. Les événements récents dressent un catalogue déprimant : une croissance lente ou négative, des températures mondiales qui montent, la résurgence des maladies infectieuses, une vie politique où les ennemis de la démocratie et l’extrême droite populiste sont de plus en plus présents, une mondialisation au point mort, l’espérance de vie qui stagne et la multiplication des tensions géopolitiques, notamment entre les deux principales économies de la planète, les Etats-Unis et la Chine.

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