Au cours de la dernière décennie, une série de crises économiques, politiques, sanitaire et internationales ont percuté nos vies. Si la dimension planétaire de ces crises est l’un de leurs traits majeurs, leurs manifestations et leurs effets en France ont été particulièrement puissants, souvent spectaculaires.
Toutes ces crises n’ont pas pris racine dans le macronisme. Elles étaient là bien avant, comme les effets de plus en plus visibles et disruptifs de la grande transformation du monde, celle de la globalisation et de l’interdépendance généralisée.
L’élection d’un tout jeune président [Emmanuel Macron] en 2017, affirmant sa volonté de remplacer un « vieux » système partisan à bout de souffle par une « nouvelle politique » du « en même temps », misant tout sur l’efficacité et la mise en œuvre rapide de solutions, prenait l’allure d’une belle promesse : combiner efficacité et justice, préserver les atouts français tout en s’adaptant davantage à l’Europe et au monde, moderniser le pays tout en préservant le meilleur de ses acquis sociaux.
Près de sept ans ont passé depuis, presque un septennat en fait, entrecoupés d’une réélection, inédite sous la Ve République hors période de cohabitation, mais surtout d’une série vertigineuse de crises : « gilets jaunes », pandémie de Covid-19, guerre en Ukraine, inflation et prix de l’énergie, sans compter les drames apocalyptiques du Moyen-Orient.
Quatre premiers ministres ont accompagné le chef de l’Etat tout au long de cette épopée. En moins de sept ans, cela fait finalement beaucoup – en moyenne un changement de premier ministre tous les vingt mois et surtout une situation très complexe pour les deux derniers sans majorité absolue à l’Assemblée nationale et un recours abondant, qui pose question, aux mécanismes de « parlementarisme rationalisé ».
Inéluctable usure
S’il faut créditer le premier ministre, Gabriel Attal, de son très fort facteur d’impact, de sa jeunesse, de son talent politique très largement reconnu et de plusieurs choix qui ont profondément marqué lorsqu’il était ministre de l’éducation nationale, on voit bien toute la difficulté de l’opération : réinjecter de l’énergie dans une machine présidentielle qui a vécu tant de crises et qui commence à être atteinte par l’inéluctable usure, qui fait son chemin jour après jour dans l’opinion, est un pari audacieux mais difficile.
Il y a d’ailleurs quelque chose de paradoxal à ce que le président ait besoin d’un nouveau premier ministre pour relancer son mandat, une sorte de « vampirisation » de la forte popularité du second pour venir aider le premier.
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