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Pénurie de médecins : « La première urgence reste les urgences »

Seul un revirement politique majeur pourrait endiguer le phénomène des déserts médicaux et de la détérioration des services des urgences en France, aggravés par les choix politiques des cinquante dernières années, estime le médecin Didier Loiseau dans une tribune au « Monde ».

Publié le 01 février 2024 à 08h00, modifié le 01 février 2024 à 11h24 Temps de Lecture 4 min.

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Que retiendront les Français des déclarations du premier ministre ? La régularisation de médecins étrangers, l’obligation de garde pour tous les médecins libéraux, des passerelles d’accès pour les professions paramédicales et la création d’une « taxe lapin ». Des annonces en forme de rustines alors que nous attendons une nouvelle politique pour « réarmer notre système de santé ».

Déserts médicaux et crise des urgences signent en effet l’échec de la politique de l’« entonnoir » : cinquante années de numerus clausus, et maintenant la fermeture de milliers de lits hospitaliers, menacent de faire exploser les services des urgences et d’assécher un peu plus les déserts médicaux.

En décidant, en 1971, de limiter le nombre de médecins, les décideurs voulaient réduire le nombre de « prescripteurs de dépenses » : les médecins formés chaque année sont ainsi passés de 9 170 (en 1977) à 3 500 (en 1993). Mais les économies tardant à venir, on incita en 1987 les médecins à partir au plus tôt en retraite, dès 57 ans : ce fut le « mécanisme d’incitation à la cessation d’activité », une « prime à l’arrachage » comme dénommée par certains. Devant l’erreur manifeste de cette décision, il y eut changement de cap à 180 degrés et incitation à poursuivre leur exercice avec le « cumul emploi-retraite ».

Au-delà de son inefficacité à contenir les coûts, au prix pourtant d’un effondrement de l’accès aux soins et de la création de déserts médicaux, le numerus clausus a eu des conséquences considérables. C’est par dizaines de milliers que l’on compte les étudiants exclus de la profession médicale au travers d’une « boucherie pédagogique », filmée par Thomas Lilti dans Première année (2018). Que l’on compte les familles qui ont dû débourser des milliers d’euros pour des préparations parallèles à la faculté, voire pour des études à l’étranger. C’est par milliers que l’on compte les médecins diplômés à l’étranger, à la fois au sein et en dehors de l’Union européenne, recrutés afin de pourvoir les postes laissés vacants. La récente loi Rist, limitant les prétentions tarifaires des médecins remplaçants, a tari jusqu’à ce vivier de « mercenaires » qui permettaient aux hôpitaux de combler le manque de médecins.

Chiffres trompeurs

L’abolition du numerus clausus avec un retour aux chiffres antérieurs à sa création est perçue comme une victoire ; pourtant la demande actuelle en soins n’est pas comparable à celle de 1971. La population française a augmenté d’environ 15 %, soit plusieurs millions de personnes. Elle a vieilli, entraînant une explosion du nombre de personnes atteintes de maladies chroniques et multiples, ces patients « hospitalo-requérants ». D’autres demandes ont explosé, tel le recours à l’aide médicale d’Etat, toujours évoquée de façon polémique et financière mais jamais en termes de soins, de nombre d’interventions chirurgicales, de consultations ou d’actes pratiqués – c’est-à-dire quant au nombre de professionnels de santé mobilisés pour réaliser ces actes nouveaux.

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