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« La semaine de quatre jours est bien devenue un sujet national »

Optimisation des bureaux, renforcement de l’égalité femmes-hommes, réduction de l’empreinte carbone... Promue pour ses « bénéfices », la semaine de quatre jours ne rencontre pas le succès escompté, constate l’économiste Philippe Askenazy, dans sa chronique.

Publié le 07 février 2024 à 06h00, modifié le 07 février 2024 à 09h24 Temps de Lecture 2 min.

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Projet de loi socialiste, déposé le 16 janvier, introduisant « un droit opposable à bénéficier d’un aménagement de son temps de travail [sur quatre jours] pour l’exercice de ses fonctions bénévoles » dans une association, demande du premier ministre d’expérimenter dans les ministères la semaine « en quatre jours », c’est-à-dire à volume horaire hebdomadaire inchangé, lancement d’une mission par la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale… La semaine de quatre jours est bien devenue un sujet national.

Cette mode, apparue dès la fin des années 2010, est en fait mondiale. Aujourd’hui, aucune référence aux initiatives françaises pionnières de Gilles de Robien, de Pierre Larrouturou, qui prêche dans le désert depuis trente ans, ou au partage du temps de travail pour créer de l’emploi. La semaine de quatre jours aurait bien d’autres bénéfices.

Un bénéfice productif : des salariés reposés et moins absents, un usage plus intensif du capital (horaires d’ouverture élargis, rationalisation des bureaux). Un bénéfice sur le plan des ressources humaines : attractivité d’une organisation innovante, réduction des inégalités de genre en permettant à des mères de travailler à temps plein sur quatre jours. Un bénéfice écologique : moins de déplacements domicile-travail et de bureaux à chauffer.

L’irruption massive du télétravail avec la pandémie de Covid-19 ajoute de nouveaux arguments pour convaincre les décideurs : échanger le retour en présentiel des télétravailleurs contre la promesse d’une troisième journée non travaillée et, surtout, permettre à ceux qui n’occupent pas un poste « télétravaillable » d’accéder à une journée supplémentaire de repos. Les organisations se trouvent de fait devant une équation insoluble, qui consiste à exiger des « subalternes » présence et motivation les jours où leur manageur reste à son domicile.

Fort gradient

Depuis l’expérience islandaise commencée en 2015, la semaine de quatre jours a été testée de la Nouvelle-Zélande au Portugal. Ces expériences sont lancées isolément par des entreprises ou, à plus grande échelle, portées par un gouvernement, comme en Espagne, ou par des ONG, comme la 4 Day Week Campaign outre-Manche.

Des évaluateurs académiques sont souvent mobilisés, ce qui permet de construire un corpus croissant de connaissances. Des premiers constats émergent. L’effet sur l’empreinte carbone serait vaporeux, les travailleurs se déplaçant ou se chauffant le cinquième jour. En revanche, absences et démissions diminueraient ; la productivité se maintiendrait même avec une réduction de l’horaire hebdomadaire. Justement, un fort gradient se dessine, selon que la semaine de quatre jours s’accompagne d’une réduction du temps de travail (sans réduction de salaire) ou non.

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