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« L’aide à mourir ne doit pas être laissée à la seule appréciation du patient »

La dépression peut altérer la capacité d’un malade à prendre des décisions éclairées, estiment, dans une tribune au « Monde », les psychiatres Philippe Courtet et Emilie Olié. Il faut donc exiger une évaluation minutieuse par les médecins de son état médical et psychiatrique.

Publié le 10 avril 2024 à 12h00 Temps de Lecture 2 min.

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La loi sur la fin de vie pourrait, selon nous, ouvrir la boîte de Pandore : les expériences qui ont eu lieu au Benelux montrent en effet que ces pays ont révisé leurs lois initiales pour supprimer les exigences en matière de pronostic, éliminer les exclusions psychiatriques et définir de manière large la souffrance insupportable, pour inclure des conditions telles que les syndromes gériatriques et la détresse existentielle. L’influence de la « fraternité » ne doit pas faire oublier l’humanité de la relation médicale.

Revenons à l’entretien du président Emmanuel Macron du 10 mars sur le projet de loi sur la fin de vie. Le chef de l’Etat a surpris en substituant le terme d’« aide à mourir » à la terminologie classique – « euthanasie » et « suicide assisté ». La question de savoir s’il existe des différences conceptuelles ou empiriques entre le suicide assisté et le suicide reste controversée, mais il est évident qu’Emmanuel Macron commet une erreur scientifique en affirmant que le « suicide assisté correspond au choix libre et inconditionnel d’une personne de disposer de sa vie ».

Contexte de détresse

Le suicide, en effet, n’est pas une décision rationnelle et librement choisie : l’acte suicidaire est une réponse désespérée à une douleur psychologique insupportable. La personne ne peut envisager d’autre solution de soulagement en raison d’altérations cognitives telles que le déficit de la prise de décision, la vision en tunnel ou la focalisation occultant des solutions alternatives. Dans ce contexte de détresse, il est essentiel de ne pas confondre l’aide à mourir avec un laissez-passer pour le suicide.

Alors que le président Emmanuel Macron a annoncé que les patients atteints d’une maladie psychiatrique qui altère le discernement – comme la schizophrénie – ne seront pas éligibles à l’aide à mourir, les patients atteints de maladies physiques graves comme le cancer (motif majoritaire de recours à l’aide à mourir), mais également ceux qui souffrent de troubles psychiatriques – comme l’anxiété ou la dépression – ne seront pas exclus.

Lire aussi la tribune | Article réservé à nos abonnés Aide à mourir : « Accompagner une personne, ce ne sera jamais abréger sa vie »

Les études montrent pourtant que 58 % des patients atteints de cancer souffrent de dépression, condition qui peut altérer leur capacité à prendre des décisions éclairées et qui induit des sentiments de désespoir, d’impuissance, d’inutilité, mais aussi le désir d’une mort accélérée. Dans près d’un tiers des cas, la dépression peut même compromettre leur capacité à consentir.

Cela suggère la nécessité d’une évaluation psychiatrique approfondie pour tous les patients demandant une aide à mourir afin de garantir qu’ils ne sont pas influencés par des troubles mentaux qui pourraient être traités : il faudrait, dans ce cas, améliorer la qualité des soins de fin de vie pour ces patients.

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