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L’autorité à l’école passe par un contrat social et éducatif plutôt que répressif

En faisant abstraction du lien entre autorité et inégalités, la stratégie de communication de Gabriel Attal sur les « élèves perturbateurs » a tout du calcul politique, à quelques semaines des élections européennes.

Publié le 02 mai 2024 à 07h00 Temps de Lecture 3 min.

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« Tu casses, tu répares. Tu salis, tu nettoies. Tu défies l’autorité, on t’apprend à la respecter. » Gabriel Attal a fait de cette phrase, prononcée une première fois lors de son discours de politique générale, fin janvier, et une seconde fois, à Viry-Châtillon (Essonne), pour ses cent jours à Matignon, à la mi-avril, l’un des slogans de son action. Le « sursaut d’autorité » qu’exige le premier ministre face à la violence de certains adolescents passe par l’éducation. Mais, même s’il parle d’« école du civisme » ou de l’autorité comme « condition d’émancipation », M. Attal se place quasi exclusivement sur le champ répressif. Il met l’accent sur les sanctions à mettre en œuvre, dès l’école primaire, ou sur une mention à apposer au dossier Parcoursup d’un élève perturbateur. Une stratégie de communication qui a tout du calcul politique à quelques semaines des élections européennes, où l’extrême droite est donnée favorite dans les sondages.

Du côté des acteurs éducatifs, le rapport de force que veut instaurer l’ancien ministre de l’éducation nationale avec les jeunes « sur la mauvaise pente » irrite et inquiète. « Cette vision risque d’avoir un effet inverse à celui escompté et de créer un fossé encore plus grand entre éducateur et éduqué. L’autorité se fonde sur une relation de confiance à instaurer entre l’enseignant et l’élève », juge Marie Beretti, enseignante-chercheuse en sciences de l’éducation à l’université Jean-Monnet-Saint-Etienne.

Demandeurs d’autorité qu’ils savent consubstantielle à l’acte d’enseigner, les enseignants en retiennent une autre définition que celle de Gabriel Attal. Bruno Robbes, professeur en sciences de l’éducation à l’université Cergy-Paris et spécialiste du sujet, l’explicite : « L’autorité n’a rien à voir avec l’autoritarisme, qui envisage la relation éducative dans un rapport domination-soumission. L’influence de celui qui détient l’autorité tient précisément au fait que celui sur lequel elle s’exerce consent à obéir, car il y reconnaît son intérêt. C’est ainsi que se fonde sa légitimité. »

« Vieille rengaine »

Dans cette perspective, exiger que les élèves se lèvent à l’arrivée d’un enseignant, comme le souhaite le premier ministre, fait figure de mesure cosmétique, voire de remède illusoire. L’autorité éducative se construit dans le temps et avec l’expérience. Les formations demandées par les enseignants, même chevronnés, témoignent de leur besoin d’analyser leurs pratiques à ce sujet, alors que le temps qui y est alloué dans la formation initiale s’est réduit au fil des réformes.

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