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« Notre mort nous appartient, à nous et non aux soignants, ni aux religieux, ni à l’Etat, ni à la société »

Christine Jordis déplore, dans une tribune au « Monde », que la volonté du patient ne soit pas suffisamment prise en compte dans les débats actuels sur la fin de vie. L’écrivaine s’inquiète du « pouvoir exorbitant » que certains veulent confier aux médecins.

Publié le 24 mai 2024 à 05h00, modifié le 24 mai 2024 à 08h16 Temps de Lecture 3 min.

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Il est grand temps de réagir aux débats qui ont lieu sur la fin de vie, alors que le projet de loi entame son parcours parlementaire. Dans nombre de prises de position que rapporte la presse, il semble que l’essentiel soit ignoré, à savoir la volonté de la personne concernée. Nombre d’esprits zélés discourent, font la morale, en appellent à notre conscience et prétendent nous ramener « dans le droit chemin » – le leur. Mais à quel moment la volonté du patient est-elle prise en compte ?

Il apparaît que le corps médical serait le seul décisionnaire. N’est-il donc venu à l’idée de personne, parmi les débatteurs de ce projet de loi, que notre mort nous appartient – « à chacun sa mort », de même qu’on peut affirmer « à chacun sa vie » –, à nous et non aux soignants, ni aux religieux, ni à l’Etat, ni à la société, ni à tous ceux qui guerroient actuellement pour défendre leur point de vue personnel ? En quoi un médecin (selon le texte du projet de loi, la décision finale de l’aide à mourir dépendrait d’un seul médecin) aurait-il le droit de prendre une décision sur ce qui nous appartient en propre ?

Mieux : François Arnault, président du Conseil national de l’ordre des médecins, déclare qu’un « médecin seul ne pourra pas gérer la demande à mourir d’un patient » et plaide pour une prise de décision collégiale (Le Journal du dimanche du 27 avril). Mais quel pouvoir exorbitant les médecins s’arrogent-ils ? C’est là sans doute ce qu’on a nommé la « toute-puissance médicale ».

Le « septième âge » de Shakespeare

La présidente de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs, Claire Fourcade, donne, elle aussi, son avis sur le sujet. Ne parlons pas des religieux, qui sont, eux, résolument opposés à ce qui est pourtant demandé par une majorité de gens en France et accordé dans bien d’autres pays. Encore une fois, ces autorités ont-elles pensé une seconde qu’à la fin des fins la décision appartient à la personne concernée – et non à eux ?

Parmi les opposants à une avancée (j’emploie ce mot à dessein), beaucoup plaident en faveur d’une « mort naturelle ». Mais que signifie l’expression « mort naturelle » alors que l’espérance de vie a augmenté de façon notoire, notamment chez les plus âgés (elle n’est donc plus la même qu’il y a vingt ans), alors que la médecine, qui nous répare par pièces détachées, prolonge notre vie jusqu’à faire de nous des épaves ?

C’est le « septième âge », selon Shakespeare, dans la pièce Comme il vous plaira (on pourrait même dire le « huitième », vu les progrès effectués depuis son époque), « la dernière scène, qui met fin à ce récit étrange et tumultueux, est la seconde enfance et le simple oubli, sans dents, sans yeux, sans goût, sans rien ».

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