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« La loi sur la fin de vie ne doit pas être votée avant que le territoire ne soit couvert de ressources palliatives »

Un collectif de personnalités « entrées dans un âge avancé » s’inquiète, dans une tribune au « Monde », de la tournure prise par les débats autour de la loi sur la fin de vie. Selon eux, « le choix d’intégrer le suicide assisté et l’euthanasie à l’intérieur d’un vaste fourre-tout nommé “soins d’accompagnement” apparaît comme une provocation ».

Publié le 24 mai 2024 à 09h00 Temps de Lecture 4 min.

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Le projet de loi sur l’aide à mourir, actuellement débattu au Parlement, ne fait pas l’unanimité auprès des plus âgés. Il cherche à répondre à l’angoisse d’une minorité de personnes qui, malades ou en fin de vie, ne trouvent pas auprès de la médecine le soulagement nécessaire ou bien préfèrent en finir rapidement, par crainte d’une souffrance insupportable. C’est en effet compréhensible.

Ce projet séduit aussi une frange de « jeunes vieux » encore autonomes et en bonne santé, qui redoutant de mal vieillir et de mal mourir, veulent rester maîtres de leur destin. Inéluctablement, plus on vieillit, plus on entre dans « l’âge cassant », pour citer René Char, avec ses risques de fragilités et de dépendance à autrui. D’où notre inquiétude face à une loi, votée sans l’accord des soignants, qui ferait de l’acte de donner la mort un « soin ultime ». Une loi qui élude les angles morts et les abus, les dévoiements possibles, en ne tenant pas compte de la diversité et surtout de l’inégalité des conditions d’existence.

Pourquoi préférer voter une loi sur le suicide assisté et l’euthanasie – nous réprouvons la perversion sémantique qui consiste à ne pas nommer les choses – plutôt que de mettre les moyens humains et financiers nécessaires au service d’un vieillir et d’un mourir dignement ? Pourquoi ne pas exiger que la loi Claeys-Leonetti – qui permet, à notre avis, de répondre à toutes les peurs de souffrir avant de mourir – soit mieux connue du public et mieux appliquée par le corps médical ? Pourquoi ne pas exiger, comme l’avait demandé le Comité consultatif national d’éthique, de couvrir d’abord le territoire français de structures de soins palliatifs, avant d’envisager d’aller plus loin ?

Le choix d’intégrer le suicide assisté et l’euthanasie à l’intérieur d’un vaste fourre-tout nommé « soins d’accompagnement » nous apparaît comme une provocation. C’est ainsi qu’il est perçu par la majorité des médecins et des soignants, qui ont une autre conception du « soin » et savent que la confiance que leur témoignent leurs patients âgés sera mise à mal après le vote de cette loi. Nous savons que former des médecins aux soins palliatifs, mettre en œuvre une vraie pédagogie de la loi Claeys-Leonetti, monter des équipes hospitalières et intervenant à domicile ont un coût. Alors qu’une injection létale ne coûtera rien.

Nombreuses inégalités

Dans un contexte de disette budgétaire sévère, Mme la ministre Catherine Vautrin s’est engagée à combler le retard dans l’accès aux soins palliatifs avant que l’aide à mourir ne soit votée. Quelle valeur a cette parole face au montant dérisoire des moyens promis au développement de ces soins sur dix ans [le gouvernement a récemment annoncé un effort supplémentaire de 1,1 milliard d’euros sur la période] ? Et comment ne pas relever la contradiction entre cette promesse et le fait que l’aide à mourir sera votée dès 2025 ?

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