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Politique : « La simplification et la polarisation des discours ne font pas une politique de gouvernement »

Le professeur d’économie politique Thierry Madiès analyse dans une tribune au « Monde » la crise politique actuelle comme un épuisement d’une ressource commune : la confiance de l’opinion envers des partis qui la gaspillent en se discréditant les uns les autres.

Publié le 29 juin 2024 à 13h00 Temps de Lecture 3 min.

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Tout a été dit ou presque sur les raisons pour lesquelles le Rassemblement national est sorti grand vainqueur des dernières élections européennes et fait aujourd’hui la course en tête dans les sondages sur les élections législatives françaises.

Le discrédit et le manque de confiance dont souffre la classe politique dans l’opinion peuvent être analysés dans les termes que les économistes emploient pour décrire ce qu’ils appellent une « tragédie des communs », c’est-à-dire les résultats de la surexploitation d’une ressource commune quand des agents économiques sont en situation de compétition pour avoir accès à cette ressource.

Un exemple bien connu est celui de la surexploitation de la rente halieutique à certains endroits : chaque pêcheur a (individuellement) intérêt à prélever le plus possible de poissons, mais ce faisant il contribue à réduire cette rente, ce qui nuit à toute la communauté des pêcheurs, car la ressource n’a pas le temps de se régénérer. Cette situation est une forme de dilemme social : l’intérêt privé et l’intérêt collectif ne coïncident pas.

La confiance est un élément essentiel du vivre-ensemble

Procédons maintenant par analogie. La fragmentation de l’échiquier politique s’accompagne généralement de critiques virulentes adressées par les partis d’opposition à la politique menée par le pouvoir exécutif quel qu’il soit, mais avec un point commun : l’accusation d’être « hors-sol », incompétent, de ne pas comprendre les aspirations du « peuple », de ne jamais rien faire de ce qu’il avait annoncé, voire d’être à la solde de groupes d’intérêts divers.

Les droits des oppositions à se faire entendre sont évidemment un ingrédient essentiel du fonctionnement normal d’une démocratie. Il existe cependant un effet pervers. Tant que les critiques des uns et des autres portent sur les orientations politiques et n’ont pas pour objet de disqualifier l’autre, il n’y a aucune raison que la confiance des citoyens dans leur personnel politique s’érode.

Cependant, si tel est le cas, il y a fort à parier, et c’est ce que l’on observe déjà, que les arroseurs deviennent arrosés. La confiance placée par les citoyens dans leurs représentants est à l’image de la rente halieutique : une ressource commune qu’aucun parti politique ne peut s’approprier. La confiance est un élément essentiel du vivre-ensemble et de la cohésion sociale.

La gouvernance de la Suisse et de l’Allemagne

Puiser dans cette ressource en décrédibilisant systématiquement l’action de ceux qui sont aux affaires réduit alors la confiance générale dans le monde politique dans son ensemble, à l’exception sans doute de ceux qui n’ont jamais gouverné et sont considérés comme « hors système ». Cela est d’autant plus vrai que les oppositions sont fragmentées et donc enclines aux surenchères et que le pouvoir exécutif est fortement concentré, agrégeant en conséquence tous les mécontentements.

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