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Dominique Eddé, écrivaine libanaise : « Le rendez-vous électoral du 7 juillet est celui du “oui” à la vie, du “non” à la mort »

L’heure n’est pas à l’affirmation des identités, mais à leur cohabitation, en France ainsi que dans le reste du monde, sous peine d’être atteint de « confusion mentale », estime l’essayiste, dans une tribune au « Monde ».

Publié le 03 juillet 2024 à 05h45 Temps de Lecture 3 min. Read in English

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Le raz de marée du mensonge a asséché la langue. Un mot, au contenu tragique, incarne, à lui seul, l’étendue du désastre. Ce mot, c’est « antisémitisme ». Utilisé à tort et à travers, il est en train de rater sa cible, une fois sur deux, et cette seconde fois est une calamité pour la première. Le mot est insulté. L’histoire est insultée. La haine des juifs gagne du terrain pendant que le vocable censé la dire sert à souffler sur le feu, au lieu de l’éteindre. Nous en sommes arrivés au point inimaginable où Serge Klarsfeld, figure par excellence de l’antinazisme, se dit prêt à voter pour le Rassemblement national (RN).

Lire aussi l’enquête | Article réservé à nos abonnés Pourquoi Serge Klarsfeld, figure de l’antinazisme, se dit prêt à voter RN

Face à un tel record d’invraisemblance, le modèle de confusion mentale qu’est le Liban est en passe de pâlir. Quand un mot, au lieu de parler, devient un moyen de faire taire, on est en droit de s’interroger.

Ce mal – l’antisémitisme, responsable, il y a huit décennies, de six millions de morts en l’espace de quatre ans – est en train d’être recouvert et trahi par son vocable. Il sert d’invective au lieu de servir d’alarme. Il a pour mission d’en appeler à la conscience, il est en train d’enflammer les névroses, d’alimenter les surenchères et les polémiques électorales, de faire oublier le danger qu’il représente.

Le parti de la haine

Pendant ce temps, la peur envahit et dévaste les esprits. Les intelligences se planquent au profit de la mauvaise foi. Elles dressent des murs au lieu d’ouvrir des fenêtres. Et sur ce fond de cécité paranoïaque se joue, en cette première semaine de juillet 2024, l’avenir des valeurs humaines de la France. Avec lui, l’avenir de l’Europe. Et, avec ce dernier, celui de la démocratie.

L’état des lieux est alarmant. L’Amérique se prépare à choisir entre la brutalité et la sénilité. L’Ukraine souffre sans gagner. Un enfant meurt tous les quarts d’heure dans Gaza réduite à un tas de ruines. Les otages israéliens croupissent dans le noir sous une pluie de bombes. Mené par l’extrême droite, Israël se suicide pour détruire la Palestine. Les Israéliens se divisent. Le Liban est menacé d’être bombardé alors même qu’il fait naufrage. Le fondamentalisme islamiste se renforce au lieu de s’affaiblir. Partout, l’impuissance de la pensée n’a d’égale que la toute-puissance des armes.

A moins d’un énorme sursaut, le parti de la haine est susceptible d’envahir l’Assemblée nationale en France : chacune, chacun de nous porte une responsabilité dans l’issue du bras de fer engagé entre la vision mortifère du RN et celle, humaniste, du Nouveau Front populaire. Ce dernier est tenu, toutes composantes confondues, d’être à la hauteur de sa mission : empêcher le RN d’avoir la majorité absolue à la Chambre.

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