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Eric Charmes, géographe : « Face à l’extrême droite, les autres forces politiques devront imposer une lecture différente de la France périphérique »

Dans une tribune au « Monde », l’urbaniste revient sur l’implantation électorale du vote RN, très faible dans les grandes métropoles et leurs banlieues populaires, mais très forte dans les villes petites et moyennes, dans le périurbain et les campagnes, où l’on se sent délaissé.

Publié le 03 juillet 2024 à 16h42, modifié le 04 juillet 2024 à 17h50 Temps de Lecture 4 min.

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Il y a déjà plus de vingt ans, l’accession de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle révélait une fracture politique entre les cœurs des métropoles et leurs confins périurbains. A l’époque, les périphéries pavillonnaires apparaissaient particulièrement séduites par le Front national (FN). Depuis, ce qui est devenu le Rassemblement national (RN) a largement étendu son emprise. Les centres des grandes métropoles et leurs banlieues populaires demeurent cependant relativement imperméables à cette poussée. Pourquoi cette géographie électorale ?

Notons d’abord que la situation actuelle n’est pas propre à la France. On la retrouve dans de nombreux autres pays d’une richesse comparable. Ensuite, la géographie n’est qu’une des clés de compréhension d’un vote qui relève avant tout d’évolutions structurelles de l’économie et de la société. Enfin, l’opposition entre les métropoles et le reste de la France masque une grande diversité de situations locales, et la prudence est de mise pour passer des analyses macros aux interprétations locales.

Ces remarques préalables étant faites, deux grandes explications circulent. La première, et la plus ancienne, souligne que l’on vote plus pour le RN quand on vit à distance des métropoles parce qu’on y est moins exposé à l’altérité. Cette thèse a connu un grand succès dans les années 2000. Et elle reste très présente dans les débats publics, même si sa pertinence a été fortement mise en cause par les recherches en géographie sociale. Les résultats de ces travaux sont clairs : habiter un pavillon périurbain n’implique pas nécessairement que l’on vote à droite ou à l’extrême droite.

Investissements captés par les métropoles

A partir du début des années 2010, une autre explication s’est imposée, centrée sur les conséquences de la mondialisation et de la métropolisation. Deux grandes évolutions apparaissent essentielles. La première est que les cadres et professions intellectuelles se sont progressivement concentrés dans les cœurs des grandes villes. Or, cet électorat est le plus opposé au RN, en particulier la frange qualifiée de « bobo ». Les accédants à la propriété des classes moyennes et populaires, plus réceptifs aux thèses du RN, ont été parallèlement poussés vers les couronnes pavillonnaires périurbaines.

Lire aussi l’enquête : Article réservé à nos abonnés Les métropoles européennes face à une gentrification galopante

Seconde évolution, les investissements publics se sont concentrés dans les grandes métropoles, notamment à partir de la présidence de Nicolas Sarkozy. L’idée s’était alors imposée que seules les métropoles de rang international produisent de la richesse et que les autres territoires vivent de la circulation de cette richesse. L’impact de cette conception a été renforcé par la révision de la dépense publique. A distance des métropoles, on a fermé de nombreuses maternités, trésoreries, écoles, bureaux de poste ou tribunaux. Même si, en comparaison d’autres pays, la puissance publique reste très présente en France, la dynamique a été négative et le sentiment d’un délaissement s’est diffusé, particulièrement dans les territoires qui souffraient déjà de la désindustrialisation.

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