« Les 100 ans du Parti communiste chinois » (2/3). En ce 9 avril, Mme Zhou Shaoxin est toute contente : « C’est mon anniversaire », confie cette cadre du département Formation de la Banque centrale de Chine. On la félicite, un peu surpris tout de même par cette soudaine familiarité, avant qu’elle ne précise : « Cela fait douze ans aujourd’hui que je suis membre du Parti communiste [PCC] ! »
Il y a quelques années, cette femme de 49 ans n’aurait probablement pas évoqué cette date devant un inconnu. Mais, en mars 2019, le PCC a enjoint à ses 90 millions de membres (92 millions aujourd’hui, soit 6,6 % de la population) de célébrer leur « anniversaire politique ». L’injonction n’est pas venue de n’importe quelle instance du Parti : la Commission centrale pour l’inspection disciplinaire. Autant dire qu’il ne s’agit pas de sortir cotillons et confettis ; ce qui compte, c’est la « fidélité aux engagements initiaux ».
« Quand les membres du Parti prêtent solennellement serment sous le drapeau rouge du Parti, cela signifie qu’ils s’engagent solennellement à tout sacrifier au Parti, expliquent les gardiens du temple. Un moment d’une telle importance devrait être profondément ancré dans les mémoires. » Dans la même logique, le PCC a commencé à l’automne 2019 à utiliser la blockchain – cette technologie qui permet de stocker et de transmettre des informations sans pouvoir les modifier – pour rendre les engagements initiaux des adhérents indestructibles…
Deux ans de « formation »
Mme Zhou a une autre bonne raison de se souvenir de la date de cet anniversaire : cette adhésion a couronné sa persévérance. Même pour une femme élevée comme elle au sein d’une famille communiste et ayant étudié le marxisme à l’université, le processus dure environ deux ans. Le président Xi Jinping lui-même n’a jamais caché avoir été recalé à neuf reprises avant d’obtenir sa carte en 1974, en raison des problèmes de son père, à l’époque exilé en province par Mao.
Rejoindre l’élite nationale nécessite, bien sûr, de faire acte de candidature en envoyant une lettre de motivation à la cellule locale du Parti. On en compte plus de 4,6 millions, tant dans les quartiers que dans les entreprises (y compris étrangères), les associations et l’armée, placée depuis 1927 sous l’autorité du PCC. Une fois le principe de sa candidature retenu, l’impétrant doit fournir davantage d’informations sur sa personne, mais aussi sur son entourage. Deux membres du Parti sont chargés de mener l’enquête.
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