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Pièce à vivre du Life International Seafarers Center de Constanta, en Roumanie, où sont accueillis les marins de passage dans le port qui n'ont d'autres solutions d'hébergement. Constanta, Roumanie, le 10 mars 2022.
CHLOE SHARROCK/AGENCE MYOP POUR « LE MONDE »

En Roumanie, la triste escale de six marins ukrainiens

Par  (Constanta, Roumanie, envoyée spéciale)
Publié le 17 mars 2022 à 01h45, modifié le 17 mars 2022 à 13h01

Temps de Lecture 5 min.

C’est l’histoire de six marins à la dérive. Six matelots ukrainiens qui ne navigueront peut-être plus jamais, eux pourtant si fiers de prendre la mer et d’aider ainsi leurs familles restées au pays. Mais la guerre a éclaté et tout s’est effondré, pour eux comme pour des milliers d’autres membres d’équipage, hommes et femmes, pris au piège du conflit.

Ce jeudi 10 mars, ils se tiennent là, devant nous. Voilà cinq jours qu’ils sont hébergés en Roumanie par l’ONG évangélique Life International Seafarers Center, fondée en 1998 par un ancien marin, Florin Garbea. Le refuge est situé dans la commune d’Agigea, à proximité du port de Constanta, sur la mer Noire. Dans le hall, figure la devise du centre, inscrite en lettres de bois : « votre foyer loin de votre chez-vous ». Florin Garbea est un croyant, il prie souvent avec ses six protégés. Les yeux rivés sur leur téléphone, ils font les cent pas. Des lions en cage. Ils ont perdu le sommeil et grillent cigarette sur cigarette dans l’attente des nouvelles du pays.

Dimitri, un blond aux yeux bleus, vient de fêter ses 28 ans. Il rêve de s’installer un jour au Canada. Danylo, 31 ans, a l’étoffe d’un leader. C’est un marin expérimenté, qui parle court et sec. Sergueï, le cuisinier de 34 ans, a voulu découvrir le monde pour suivre l’exemple de son frère, chauffeur routier. Quant à Valentine, 36 ans, il est si bon mécanicien que les compagnies se l’arrachent. Et puis, il y a Yuriy, un ex-officier des douanes : cet homme de 45 ans navigue depuis si longtemps que ses copains le disent né sur un bateau. Et enfin Boris, le doyen (53 ans), ajusteur-soudeur. Stressé, il ne prononce pas un mot. D’abord réticent, Danylo finit par raconter leur épopée.

A gauche, Danylo, originaire de Marioupol, où sa famille vit encore actuellement. A droite, Boris, originaire d’Odessa. Tous deux sont à Constanta (Roumanie), le 10 mars 2022.

Tout commence le mercredi 2 juin 2021, quand ils embarquent à Durban, en Afrique du Sud, sur le PMS Auerhahn, un vraquier de 198 mètres immatriculé aux îles Marshall, un pavillon de complaisance. L’armateur, A. M. Nomikos, est grec. Basée à Athènes et à Londres, la compagnie gère une flotte de 54 navires.

Le PMS Auerhahn est commandé par un capitaine russe secondé par un officier géorgien. Sous leurs ordres, dix-sept Ukrainiens et deux Philippins. A bord, on parle anglais. Le navire met d’abord le cap sur la Chine, « et après, nous avons enchaîné les escales pour livrer ici du minerai, là du sucre, ailleurs du ciment et du grain », détaille Danylo. La Chine, puis l’Australie, le Japon, le Canada, le Brésil, l’Argentine, l’Equateur et, enfin, le Pérou, le 23 février après neuf mois de voyage.

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