Privés d’accès à la résidence permanente pendant dix ans, 19 000 réfugiés, arrivés en Australie avant fin 2013, vont enfin pouvoir obtenir ce précieux sésame et tourner la page d’un interminable cauchemar. Le gouvernement a annoncé, lundi 13 février, que ces milliers d’hommes, de femmes et d’enfants auront le droit de s’installer à long terme sur l’île-continent puis de demander la nationalité. Une avancée majeure pour les organisations de défense des droits humains, qui ont applaudi cette décision très attendue.
Canberra ne renonce pas pour autant à son implacable politique migratoire, adoptée en septembre 2013, qui prévoit que tout migrant illégal intercepté en mer soit expédié dans un centre de rétention offshore et se voit interdire, à vie, la possibilité de s’établir en Australie.
La majorité travailliste, au pouvoir depuis mai 2022, s’attaque uniquement au problème des boat people arrivés avant l’entrée en vigueur de cette loi et qui avaient perdu, du jour au lendemain, toute perspective d’avenir. « Cela n’a aucun sens, économiquement ou socialement, de les maintenir dans les limbes », a expliqué, dimanche, le ministre de l’immigration, Andrew Giles. Pendant dix longues années, ces réfugiés, pour la plupart originaires d’Irak, d’Afghanistan, d’Iran ou encore de Birmanie, n’ont eu accès qu’à des visas temporaires, devant être renouvelés à intervalles réguliers.
« Angoisse constante »
« Ce régime était extraordinairement difficile pour eux. Cela leur posait des problèmes pour trouver un emploi, pour leur couverture santé, ils ne pouvaient pas non plus se payer d’études universitaires ou voyager librement », cite Ian Rintoul, porte-parole de la Refugee Action Coalition, qui se félicite de ce « progrès ». Un progrès d’autant plus significatif qu’à partir du moment où ces réfugiés seront naturalisés, ils bénéficieront aussi, comme tout autre Australien, du droit au regroupement familial.
« Nous avons rêvé de cette résidence permanente pendant si longtemps, j’en ai des frissons ! », se réjouit Mohammad Sakhvidi. Parti d’Iran à l’âge de 16 ans, après avoir traversé sur une embarcation de fortune la mer d’Arafura – entre l’Indonésie et la côte nord australienne –, il s’est retrouvé enfermé en 2013 dans un centre de rétention pour migrants sous le matricule TQN29, avant d’être placé en « détention communautaire », puis finalement libéré mais avec un visa temporaire synonyme de précarité.
« Nous allons enfin avoir une existence normale ! Ne plus vivre dans l’angoisse constante de retourner dans un centre de rétention. Ne plus nous sentir hypervulnérables. Ne plus avoir peur de défendre nos droits face à nos employeurs. Ne plus avoir besoin de nous battre pour décrocher une hypothétique autorisation de sortie du territoire afin de serrer nos proches dans nos bras. Nous ne nous sentirons plus exclus du reste de la société », énumère-t-il avec soulagement.
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