![De gauche à droite, le premier ministre australien, Anthony Albanese, le président américain, Joe Biden, et le premier ministre britannique, Rishi Sunak, à la base navale de Point Loma, à San Diego, en Californie (Etats-Unis), le 13 mars 2023.](https://img.lemde.fr/2023/03/14/0/0/6000/4000/664/0/75/0/5e34e44_1678780247978-294026.jpg)
Comment faire face à une Chine plus agressive et qui ne cesse d’accroître sa puissance militaire ? Le 9 mars, dans le Sydney Morning Herald, cinq experts de renom australiens, estimant que « les vacances de l’Australie dans l’histoire [étaient] terminées », ont appelé leur pays à se préparer « à la perspective d’un conflit armé » dans la région. Dans les couloirs feutrés de Canberra, élus travaillistes et conservateurs, qui préfèrent évoquer « l’environnement stratégique le plus difficile depuis la fin de la seconde guerre mondiale », misent unanimement sur l’Aukus pour l’éviter.
L’accord tripartite conclu avec Washington et Londres en septembre 2021, et dont le plan de mise en œuvre a été rendu public lundi 13 mars, à San Diego, aux Etats-Unis (mardi 14 mars en Australie), doit permettre à l’île-continent de renforcer ses moyens de défense, mais aussi et surtout de développer ses capacités de dissuasion, grâce notamment à l’obtention de sous-marins à propulsion nucléaire, afin d’augmenter sa puissance stratégique dans l’Indo-Pacifique.
« Cela nous permettra de tenir les adversaires à distance de nos côtes, mais la véritable force de ces sous-marins, c’est de contribuer à la paix et à la stabilité de notre région, a affirmé, mardi, le ministre de la défense australien, Richard Marles. En tant que nation insulaire commerçante, beaucoup de torts peuvent nous être causés avant même de poser le pied sur nos côtes. » Le continent, qui s’est longtemps senti protégé par son isolement géographique, s’inquiète désormais des fragilités inhérentes à son insularité, en particulier de la vulnérabilité de ses voies de communication comme de ses routes maritimes, dont beaucoup traversent les mers de Chine méridionale et orientale.
« Paranoïa stratégique »
Avec l’Aukus, les trois alliés anglo-saxons entendent d’abord augmenter les risques et les coûts d’un conflit pour Pékin. Une Australie détentrice de sous-marins à propulsion nucléaire aura la capacité de menacer directement le territoire chinois. Elle sera aussi mieux armée pour surveiller ses approches maritimes et défendre ses voies de communication. A condition, bien sûr, de réussir à mener à bien ce projet titanesque s’étalant sur trois décennies.
Car doter une puissance non nucléaire de tels submersibles relève du tour de force. Financier d’abord, puisque Canberra va devoir débourser chaque année une somme colossale estimée à l’équivalent de 0,15 % de son PIB pendant toute la durée du programme. Industriel et technologique ensuite, dès lors que l’Australie, ne pouvant s’appuyer sur une industrie nucléaire civile, partira de zéro pour opérer, entretenir puis construire ces appareils d’une extrême complexité. Enfin, le pays devra recruter et former des milliers de personnes dont plusieurs centaines de chercheurs de niveau doctorat en ingénierie nucléaire.
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