Le président américain Joe Biden a réitéré auprès de son homologue philippin, reçu lundi 1er mai à Washington, « l’engagement indéfectible des Etats-Unis pour la défense des Philippines, y compris en mer de Chine méridionale », s’engageant à « soutenir la modernisation » de l’armée philippine. Symboliquement, Ferdinand Marcos rentre donc à Manille avec la promesse américaine d’un transfert de quatre patrouilleurs pour ses gardes-côtes et de trois Hercules C-130H – les avions de transport militaires américains. Ce « bonus » pèse peu par rapport au tournant qu’a déjà constitué, en février, l’accord sur un accès de l’armée américaine à quatre nouvelles bases militaires aux Philippines, en plus des cinq initialement autorisées.
Les deux pays ont décidé, lundi, d’un nouvel ensemble d’orientations bilatérales en matière de défense. Celles-ci doivent, selon la Maison Blanche, renforcer l’interopérabilité des forces armées philippines et américaines « dans tous les domaines opérationnels, y compris la terre, la mer, l’air, l’espace et le cyberespace ».
Le traité de défense mutuelle de 1951 entre les Etats-Unis et leur ancienne colonie a connu des hauts et des bas. Les bases américaines ont été fermées en 1992, puis un nouvel accord, en 1999, a encadré des visites temporaires de troupes américaines. Il a été étendu sous Barack Obama, en 2014, à l’usage par les forces armées américaines de cinq bases philippines réaménagées à leurs frais. Mais le président Rodrigo Duterte (2016-2022), chantre d’un pivot vers la Chine et du « divorce » d’avec les Etats-Unis, a menacé de l’abroger en 2018, avant de faire marche arrière. L’année suivante, le secrétaire d’Etat Mike Pompeo a alors été le premier à lever l’ambiguïté sur le soutien des Américains aux forces philippines en mer de Chine du Sud. L’aide américaine était toutefois restée minimale et a essentiellement concerné la lutte antiterroriste.
Manille recherche le « juste équilibre »
L’heure est donc à la montée en puissance du dispositif stratégique américain aux Philippines, avec, au cœur des préoccupations, la montée des tensions entre Pékin et Taipei. Parmi les quatre nouveaux emplacements de bases choisis par les deux pays, trois se trouvent au nord de la grande île de Luzon – non loin de Taïwan – dans les provinces d’Isabela et Cagayan, dont la base navale Camilo Osias. La quatrième se situe à Palawan, la grande île qui fait face aux Spratleys, l’archipel disputé entre Manille et Pékin en mer de Chine du Sud. Cent millions de dollars (90,6 millions d’euros) ont déjà été alloués par Washington à la modernisation de ces quatre nouveaux points d’appui.
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