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Pierre Grosser, historien : « En Asie du Sud-Est, la Chine est à la fois indispensable et encombrante »

Une forme de domination chinoise se dessine en Asie orientale, explique l’historien dans un entretien au « Monde ». L’allant dont les Chinois ont fait preuve dans les années 2010 s’est mué en une certaine arrogance, qui a contribué à ternir leur image.

Propos recueillis par  (Bangkok, correspondant en Asie du Sud-Est)

Publié le 12 mai 2023 à 17h30

Temps de Lecture 6 min.

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Pierre Grosser est historien et enseigne les relations internationales à Sciences Po Paris. Il est l’auteur de L’histoire du monde se fait en Asie. Une autre vision du XXe siècle (Odile Jacob, nouvelle édition 2019) et de L’Autre Guerre froide ? La confrontation Etats-Unis/Chine (CNRS Editions, 392 p., 25 euros). Il partage son temps entre Paris et Ho Chi Minh-Ville (Vietnam).

Pierre Grosser.

Comment analysez-vous le réengagement spectaculaire des Etats-Unis en Asie du Sud-Est ?

Les Américains y ont eu une présence cyclique, en accordéon. Leur intérêt pour l’Asie du Sud-Est est tardif. Les Philippines deviennent leur point d’appui colonial dans la région de 1898 jusqu’à l’indépendance du pays, en 1946. A partir de 1940, ils prennent conscience de l’importance de la région et de ses ressources, quand le Japon s’en empare à toute vitesse. Dans les années 1950, les Etats-Unis redoutent une conquête de l’Asie du Sud-Est par l’alliance sino-soviétique communiste, qui bouleverserait les équilibres mondiaux. Mais, avec la fin de la guerre du Vietnam [1955-1975], Washington prend ses distances, tout en conservant ses alliances régionales.

Après la fin de la guerre froide, en 1991, le désengagement se poursuit. Les armes nucléaires tactiques américaines basées en Corée du Sud sont retirées, et les bases militaires fermées aux Philippines. Dans les années 2000, Washington se concentre sur la guerre contre le terrorisme [en Afghanistan et au Proche-Orient]. Dans ce domaine, les Philippines et l’Indonésie constituent pourtant un deuxième front, mais le sentiment qui domine est qu’aucune grande puissance ne menace alors de chasser les Etats-Unis de la région.

La donne a changé avec la montée en puissance de la Chine à partir des années 2010…

Aujourd’hui, les Américains veulent préserver leur présence en Asie du Sud-Est, d’autant plus que celle-ci est devenue – c’est là une nouveauté par rapport à la période 1940-1975 – un moteur de la croissance économique mondiale. Alors que le marché américain jouait un rôle majeur dans la croissance de l’Asie du Sud-Est, la Chine est devenue le premier partenaire commercial de nombre de pays de la région, avant même les « nouvelles routes de la soie » [2013], dès les années 2000.

Ce constat provoque le réinvestissement américain, avec [en 2011] le « pivot » asiatique de Barack Obama. L’idée est alors d’intégrer les grandes organisations régionales, notamment l’enceinte sécuritaire du sommet de l’Asie orientale, de renforcer le dialogue avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est [Asean, un organe politique, économique et culturel regroupant dix pays de la région] et de profiter de la croissance régionale en soutenant un traité de libre-échange transpacifique [TPP].

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