« Cher camarade Macron, préparez-vous, car j’ai une volonté de me battre encore bien plus forte qu’il y a treize ans. » Le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, a conclu à sa manière, vendredi 23 juin, le sommet sur le nouveau pacte financier mondial organisé sous l’égide de son homologue français, Emmanuel Macron, dans l’espoir de dégager de nouvelles ressources au service de la lutte contre la pauvreté et contre le réchauffement climatique. « Ceux qui ont réellement pollué la planète pendant les deux cents dernières années sont ceux qui ont fait la révolution industrielle », avait martelé l’ancien syndicaliste, la veille au soir, lors d’un concert sur le Champ-de-Mars : « C’est pour cela qu’ils doivent payer la dette historique qu’ils ont envers la planète. »
Ces quelques formules ciselées n’ont pas empêché les deux hommes de déjeuner ensemble à l’Elysée un peu plus tard. Mais elles résument à elles seules la difficulté de récréer des liens entre les Etats du nord et du sud de la planète sur les principaux défis du moment. Organisé dans l’enceinte du Palais Brongniart, le sommet a réuni pendant deux jours une quarantaine de dirigeants venus des pays riches, des grands émergents comme des Etats les plus vulnérables. Le premier ministre chinois, Li Qiang, avait fait le déplacement, tout comme le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, et le chancelier allemand, Olaf Scholz, seul représentant à ce niveau du G7, hormis M. Macron. Il s’agissait, dans l’esprit du président français, de dépasser les clivages révélés et amplifiés par l’invasion russe de l’Ukraine, sur un terrain diplomatico-financier où l’urgence est de mise. Cinquante-trois pays sont en situation de surendettement ou s’en rapprochent et l’indice de développement humain a reculé en 2021 dans neuf pays sur dix.
L’Elysée a mis en avant une forme de dynamique, quelques annonces laissant penser que les uns et les autres ont fait un effort de concertation : un accord sur la restructuration de la dette de la Zambie a été scellé, après un compromis entre ses créanciers chinois et occidentaux. C’est une étape importante vers un nouveau cadre de restructuration de la dette. « D’autres pays en tireront sans doute des leçons », a déclaré Hakainde Hichilema, le président zambien. Une forme de consensus a par ailleurs semblé émerger sur la mise en place, au sein des instances internationales, d’un dispositif permettant à un Etat touché par une catastrophe naturelle de suspendre le service de sa dette afin de se concentrer sur l’aide à sa population.
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