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A photograph taken on October 14,2020 shows wooden crosses at the lot 108 of the Flaminio cemetery in Rome. The lot 108 of the Flaminio cemetery in Rome is studded with small wooden and metal crosses, some painted white, others fallen to the ground, but all of which bear the names of women.These are not the names of the people buried in these graves, but those of women who have chosen to have a legal abortion. (Photo by AFP)
- / AFP

Pénurie de médecins, pressions, humiliations : en Italie, le parcours d’obstacles de l’IVG

Par  (Rome, envoyée spéciale)
Publié le 21 janvier 2024 à 04h15

Temps de Lecture 7 min. Read in English

Pour trouver leur chemin dans l’hôpital San Filippo Neri, les femmes qui veulent avorter ont intérêt à savoir lire entre les lignes. Le service des interruptions volontaires de grossesse (IVG) existe, pourtant. Il est mentionné, parmi tous les autres, à l’entrée de ce grand établissement romain, situé dans le nord-ouest de la capitale. Mais après, pfft !, son nom disparaît. Passé le hall d’accueil, seule une simple feuille A4 renseigne les visiteurs. Placardée contre un mur, la pancarte indique « chirurgie gynécologique » en grosses lettres, puis, entre parenthèses et en plus petit, « loi 194/78 » – c’est sous ce numéro, suivi de son année d’adoption, qu’est couramment désigné le texte autorisant l’avortement en Italie.

Pour que l’acronyme IVG (interruzione volontaria di gravidanza) reparaisse, il faut attendre la porte du service. Et encore : Marina Marceca, la responsable du département, dit avoir dû batailler pour imposer ce choix, contre l’avis du très catholique directeur de cet hôpital public, que la mention chiffonnait.

Ces pudeurs sémantiques n’ont pas d’incidence sur la façon dont les patientes sont prises en charge à San Filippo Neri. Contrairement à beaucoup d’autres, dans un pays où la santé publique est sous-financée, la structure jouit d’un plateau technique moderne en gynécologie obstétrique. Mais elles en disent long sur le nuage d’opprobre qui entoure encore l’IVG dans la Péninsule, quarante-six ans après sa légalisation. Trop souvent victimes d’humiliations de la part du personnel soignant – « Il fallait y penser avant », s’entendent parfois dire les patientes –, de nombreuses femmes renoncent à avorter, mais aussi à témoigner, par crainte d’être blâmées.

Lire aussi la chronique : Article réservé à nos abonnés IVG dans « Le Monde », d’avortement à liberté fondamentale

La pression des associations dites « provie », catholiques en général, compte beaucoup dans ce climat anxiogène. Certaines réussissent même à s’introduire dans les hôpitaux publics, avec la bénédiction des autorités, pour apporter un « soutien émotionnel » aux femmes et, bien sûr, tenter de les dissuader. En Italie, le nombre d’IVG pratiquées en 2021 (derniers chiffres communiqués par le ministère de la santé) s’élevait à 63 653, soit 20 000 de moins qu’en 1988 et 171 000 de moins qu’en 1982, année record. « On compte 5,3 avortements pour mille femmes de 15 à 49 ans, contre 9,4 en 2000 et 8 en 2009, souligne Marina Marceca. C’est l’un des taux les plus faibles d’Europe. »

La dégringolade ne correspond pas à une augmentation du désir d’enfant, comme en témoigne le fameux « hiver démographique » dont souffre la Péninsule : avec 400 000 naissances en 2022, pour 700 000 décès, l’Italie pourrait perdre 20 % de sa population d’ici à 2070. Elle n’est pas non plus directement corrélée à l’élection, fin 2022, de Giorgia Meloni, la présidente du conseil, issue des rangs du parti postfasciste Fratelli d’Italia. En réalité, elle l’a précédée.

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