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Jair Bolsonaro, ex-président d’extrême droite du Brésil, au cœur d’une enquête pour « tentative de coup d’Etat »

L’ex-président brésilien est interdit de quitter le pays après avoir été visé jeudi 8 février par une vaste opération policière.

Le Monde avec AFP

Publié le 08 février 2024 à 18h37, modifié le 09 février 2024 à 01h31

Temps de Lecture 3 min.

L’ancien président brésilien Jair Bolsonaro après avoir témoigné sur les émeutes du 8 janvier au siège de la police fédérale à Brasilia, le 18 octobre 2023.

Jair Bolsonaro est désormais interdit de quitter le territoire brésilien. Ce, après avoir été visé, jeudi 8 février, par une opération policière dans le cadre d’une enquête sur une « tentative de coup d’Etat », ayant culminé avec les émeutes du 8 janvier 2023 à Brasilia.

« En respect des décisions prises aujourd’hui », l’ex-président va « remettre son passeport aux autorités », a écrit sur X l’un de ses avocats, Fabio Wajngarten. L’intéressé a dénoncé « une persécution implacable ».

Cette opération de grande ampleur, qui vise également d’anciens ministres, des généraux et de proches collaborateurs de M. Bolsonaro, resserre encore l’étau judiciaire sur l’ex-dirigeant d’extrême droite (2019-2022), cerné par les affaires depuis qu’il a quitté le pouvoir.

Trente-trois perquisitions et quatre mandats d’arrêts

La police fédérale a annoncé dans un communiqué avoir effectué trente-trois perquisitions et exécuté quatre mandats d’arrêt, dans le cadre d’une enquête sur « une organisation criminelle qui a pris part à une tentative de coup d’Etat (…) pour obtenir des avantages politiques avec le maintien du président de l’époque au pouvoir ». Le président en question est M. Bolsonaro, battu en octobre 2022 dans sa tentative de réélection face à Lula.

Une semaine après l’investiture de Lula, le 8 janvier 2023, des milliers de bolsonaristes ont saccagé les lieux de pouvoir à Brasilia, réclamant une intervention militaire pour déloger le président de gauche du pouvoir.

Quatre personnes ont été arrêtées jeudi, selon la presse brésilienne : Filipe Martins, ancien conseiller de M. Bolsonaro en politique étrangère ; deux militaires mais aussi le chef du Parti libéral de l’ancien président, Valdemar Costa Neto, interpellé pour possession illégale d’une arme. Par ailleurs, quatre généraux ont été ciblés par les perquisitions, dont deux ex-ministres de la défense du gouvernement Bolsonaro.

L’un d’eux, Walter Braga Netto, a ensuite été candidat à la vice-présidence lors du scrutin de 2022. L’autre, Paulo Sergio Nogueira, était commandant en chef de l’armée de terre brésilienne avant de devenir ministre. Autre personnalité de premier plan visée par l’opération : l’influent général Augusto Heleno, ex-ministre du cabinet de sécurité institutionnelle et considéré comme une des éminences grises de M. Bolsonaro.

« Cela fait plus d’un an que je ne gouverne plus et je continue à subir une persécution implacable », a réagi M. Bolsonaro jeudi, auprès d’une journaliste du quotidien Folha de S. Paulo. « Oubliez-moi, il y a quelqu’un d’autre qui gouverne le pays », a-t-il ajouté.

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Son successeur lui a répondu à distance : « Le fait est qu’il y a eu une tentative de coup d’Etat (…) qui n’aurait pas pu avoir lieu sans Bolsonaro », a déclaré le président brésilien jeudi sur la radio locale Itatiaia. « Il n’était pas prêt à quitter le pouvoir, il n’a pas eu le courage de me passer l’écharpe présidentielle, il est parti en pleurant aux Etats-Unis car il a dû participer à la construction de cette tentative de coup d’Etat », a insisté Lula, tout en appelant au respect de la « présomption d’innocence ».

Condamné pour diffusion de fausses informations

Pour l’analyste politique André César, l’opération policière de jeudi marque un « tournant », les enquêteurs ayant montré « des preuves qu’il y a eu un mouvement putschiste ».

La police a trouvé jeudi au siège du Parti libéral à Brasilia un document, publié par des médias, ayant l’apparence d’un discours annonçant un état de siège. Ce texte « ne correspond pas aux expressions traditionnelles et reconnues » de l’ex-président, a répliqué son avocat Fabio Wajngarten, niant ainsi qu’il en ait été l’auteur.

Dans son enquête, la police fédérale évoque une tentative de « disséminer des soupçons de fraude sur l’élection présidentielle de 2022 avant même la réalisation du scrutin, pour légitimer une intervention militaire ». Elle rapporte aussi « la pratique d’actes pour abolir l’Etat de droit démocratique par le biais d’un coup d’Etat, avec l’appui de militaires ».

Les enquêteurs citent notamment un plan visant à arrêter Alexandre de Moraes, président du Tribunal supérieur électoral (TSE), et à convoquer de nouvelles élections. D’après les investigations, ce plan avait vocation à être exécuté par le biais d’un décret, dont les termes auraient été présentés par M. Bolsonaro à des militaires de haut rang lors d’une réunion le 7 décembre 2022. Soit une semaine après sa défaite face à Lula et trois semaines avant la passation de pouvoir. Ce décret n’a finalement jamais vu le jour.

Bête noire du clan Bolsonaro, Alexandre de Moraes, également juge à la Cour suprême, a ordonné l’ouverture de nombreuses enquêtes contre l’ex-président. C’est sous son égide que le TSE a condamné Jair Bolsonaro à huit ans d’inéligibilité en juin, pour diffusion de fausses informations sur le système de vote électronique.

La semaine dernière, l’un des fils de Jair Bolsonaro, Carlos, avait été visé par une autre opération policière, dans le cadre d’une enquête pour espionnage illégal sous la présidence de son père.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Alexandre de Moraes, un juge intraitable aux trousses de Jair Bolsonaro

Le Monde avec AFP

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