Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

En Chine, un rare cas de censure en direct à la télévision D’Etat

Si les journalistes, étrangers ou chinois, sont fréquemment empêchés de travailler, ceux des grands médias d’Etat le sont rarement, les autorités comptant sur leur soutien.

Par 

Publié le 15 mars 2024 à 10h09, modifié le 15 mars 2024 à 10h39

Temps de Lecture 2 min.

Article réservé aux abonnés

Une grave explosion vient de se produire à Yanjio, dans le Hebei, à l’est de Pékin. Arrivée sur le lieu du drame, une journaliste de la chaîne nationale CCTV, micro en main, décrit les événements : « Nous pouvons constater la présence en nombre des secours, pompiers et policiers qui sont encore en train d’arriver… » mais elle n’a pas l’occasion de terminer. Plusieurs agents s’agitent autour d’elle, « tai weixian le », lui dit un homme, uniforme et casquette noire sur la tête : « c’est trop dangereux », avant de se placer devant la caméra. Le plateau de Pékin revient alors à l’image où l’on voit le visage inquiet de la présentatrice, tandis que son collègue tente de réconforter la reporter : « O.K. Hailin, faites attention à vous. »

Des journalistes étrangers et chinois sont couramment empêchés de travailler et harcelés en Chine, mais il est plus rare que cela arrive aux journalistes de grands médias d’Etat chinois. Encore moins en direct à la télévision nationale : d’où les réactions indignées d’une partie du public chinois, qui découvrait à la fois le traitement des journalistes par les autorités, et la volonté de masquer la réalité d’un accident dont le bilan officiel s’élève à sept morts et vingt-sept blessés.

Les réactions ont été nombreuses, à la fois d’utilisateurs anonymes des réseaux sociaux et de personnalités médiatiques, comme Hu Xijin, éditorialiste au très nationaliste Global Times, qui dénonce : « Il s’agit d’un manque de respect pour le droit du public à l’information et d’une restriction non fondée du droit des médias à rendre compte des faits. » L’indignation est telle que les autorités locales ont fini par présenter des excuses, jeudi 14 mars : elles arguent d’une « évacuation rapide » pour justifier les actes de leurs agents, mais regrettent de « mauvaises compétences en matière de communication » dont l’attitude « rude et simple » a « suscité l’incompréhension des journalistes ». Problème, l’hostilité des autorités est confirmée par une deuxième vidéo, filmée par une autre journaliste de China Media Group, la maison mère de CCTV, en train d’être évacuée par la force avec son équipe.

Changement d’ère

Cette controverse est d’autant plus surprenante qu’habituellement les autorités comptent sur les grands médias d’Etat, plus étroitement contrôlés, pour relayer la version officielle des événements. Les quelques médias chinois plus indépendants ont été muselés depuis plus de dix ans et les rares reporters plus ambitieux sont empêchés de faire leur travail ou arrêtés. Les autorités locales sont généralement plus inquiètes de la présence de journalistes étrangers, dont le travail échappe à la censure. « Pour une fois, nous, journalistes, sommes tous égaux. Pas égaux dans notre liberté d’accéder à l’information, mais égaux dans le fait d’être empêchés de rapporter les faits », souligne un ancien journaliste de Nanfang Zhoumo (l’hebdomadaire du Sud), autrefois réputé pour son indépendance, sur le réseau social WeChat.

Il vous reste 26.6% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.