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21 février 2024, Tegucigalpa, Honduras. Dans le quartier, un graffiti reprend le nom du gang Barrio 18, en face d'une école primaire. Les enfants viennent de sortir de classe. Crédit : Nadège Mazars pour Le Monde
NADÈGE MAZARS POUR « LE MONDE »

Au Honduras, l’état d’exception ne vient pas à bout des extorsions

Par  (Tegucigalpa, envoyée spéciale)
Publié le 20 mars 2024 à 14h30

Temps de Lecture 5 min.

Une vieille dame, pieds nus, gravit péniblement la côte de la ruelle ravinée qui longe des maisons vides. Juste au-dessus, le terrain de foot du secteur 2 de la Colonia Villanueva, un des quartiers les plus pauvres de Tegucigalpa, la capitale du Honduras, est en pleine rénovation : il sera bientôt recouvert de gazon synthétique, luxe insolite dans ce lieu de désolation où l’eau courante n’est distribuée que tous les huit jours. « On aurait plutôt besoin de rues goudronnées, dit, amer, un homme devant sa maison cachée par des plaques de tôle ondulée. A la saison des pluies, les enfants ont de la boue jusqu’aux genoux pour aller à l’école. »

Le pasteur Santos avec sa Bible, à Tegucigalpa, le 21 février 2024.

La police ne s’aventure pas dans le bidonville zébré d’escaliers raides. « En bas, c’est le règne de la “18” et, en haut, de la “MS13” », murmure le pasteur Santos, depuis son église évangélique qui domine le quartier déserté. Il fait référence au Barrio 18 et à la Mara Salvatrucha 13, les deux principaux gangs qui se livrent une guerre sans merci et martyrisent les dix millions d’Honduriens à coups d’extorsions. En octobre 2022, une soixantaine de personnes ont dû quitter leur maison, du jour au lendemain, menacées de mort par « la 18 », laissant tout derrière eux. « Les gangs harcèlent les jeunes pour qu’ils ne quittent pas le groupe », regrette le pasteur, qui les aide à partir, malgré les risques.

Les groupes criminels du Honduras ont infiltré toutes les institutions de l’Etat, comme l’a démontré le procès récent, à New York, pour trafic de drogue, de l’ex-président Juan Orlando Hernandez (2014-2022), prédécesseur de l’actuelle cheffe de l’Etat, Xiomara Castro (gauche).

Bilan mitigé

Encouragée par les résultats spectaculaires du Salvador voisin, où les gangs ont été écrasés par la politique de main de fer du président Nayib Bukele et l’imposition, en mars 2022, d’un « état d’exception », Mme Castro a décidé de mettre en place un « plan anti-extorsion » et d’imposer, le 6 décembre 2022, son propre « état d’exception », copiant le « modèle Bukele » : déploiement des forces de sécurité dans les rues, interpellations et perquisitions sans mandat, images de détenus en caleçon alignés sur le sol… Des véhicules blindés tout-terrain Black Mamba ont été achetés, une mégaprison doit être construite sur un archipel des Caraïbes, à 250 kilomètres des côtes.

D’abord institué pour quarante-cinq jours dans deux municipalités, Tegucigalpa et San Pedro Sula (Nord-Ouest), l’état d’exception a été reconduit et élargi à plus de la moitié des villes du pays. « Mais les gens ne comprennent pas très bien en quoi cela consiste. Ils n’ont vu de l’état d’exception que ce qui est montré à la télévision », explique Iliana Licona, du Commissariat national des droits humains (Conadeh).

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