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En Malaisie, des chaussettes estampillées « Allah » font scandale

La montée en puissance des islamistes dans la politique malaisienne conduit les autorités à surréagir en multipliant les inculpations.

Par  (Bangkok, correspondant en Asie du Sud-Est)

Publié le 30 mars 2024 à 05h30, modifié le 30 mars 2024 à 08h08

Temps de Lecture 3 min.

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Une supérette KK Super Mart, dans le quartier de Puchong, à la périphérie de Kuala Lumpur (Malaisie), le 26 mars 2024.

Il n’a fallu que quelques paires de chaussettes marquées du nom d’Allah vendues dans des supérettes appartenant à des Malaisiens d’origine chinoise pour que la Malaisie s’enflamme. Virtuellement, certes, mais dans des proportions révélatrices des tensions qui agitent ce pays multiethnique, où la minorité chinoise est régulièrement prise à partie par la frange la plus xénophobe et islamiste de la majorité malaise (64 % des 33 millions de Malaisiens). Or celle-ci monte en puissance : elle a notamment réussi en 2023 à faire interdire en Malaisie – pays où l’homosexualité est illégale – la vente de montres Swatch de la collection Pride, décorées du drapeau arc-en-ciel, symbole de la défense des droits LGBT.

Le patron de KK Super Mart, la chaîne de supérettes sur les rayons desquelles sont apparues en mars les socquettes blanches où l’on distingue, sur le bas de cheville, « Allah » en lettres capitales noires, a été inculpé, le 26 mars, avec son épouse, cogérante de l’entreprise, pour avoir « blessé les sentiments religieux » des musulmans. Trois directeurs du grossiste qui a fourni à KK Super Mart les chaussettes, la société Xin Jian Chang, ont eux aussi été mis en examen.

Tous Chinois de Malaisie, les suspects, qui encourent un an de prison, s’étaient d’abord répandus en excuses et ont tous affirmé regretter cette « erreur non intentionnelle » : KK Super Mart affirme que seules 14 paires portaient cette inscription. Le grossiste accuse le fabricant chinois, une entreprise de Yiwu, gigantesque marché de produits peu chers destinés à l’exportation dans le sud de la Chine. Disséminées dans un lot de plusieurs milliers de paires, les « chaussettes Allah » sont passées inaperçues lors de l’inspection de la marchandise.

Quand les premières photos des socquettes ont circulé sur Internet le 13 mars, en plein ramadan, elles sont vite devenues virales, diffusées en boucle par des internautes indignés par cette association entre leur Dieu et un objet aussi « impur et malpropre » que des chaussettes. Des appels au boycott de la supérette, voire plus, ont fusé de partout. Un internaute de 35 ans, lui aussi chinois de Malaisie, a voulu plaisanter en expliquant que porter des « chaussettes Allah » devrait au contraire être vu comme assurant au porteur une protection de la « tête aux pieds ». Mal lui en a pris : harcelé sur les réseaux sociaux, il a été appréhendé par la police et condamné à six mois de prison le 22 mars pour « injures ».

Climat politique volatil

Que des Chinois de Malaisie se retrouvent au cœur de la tempête rappelle un mauvais souvenir : les émeutes raciales de 1969, lors desquelles plusieurs centaines de Chinois de Malaisie périrent. Depuis, la Malaisie a mis en place des lois de discrimination positive en faveur de la majorité malaise, officiellement pour compenser les inégalités nées de la colonisation, durant laquelle les commerçants chinois se seraient indûment enrichis. L’Organisation nationale de l’unité des Malais (UMNO), le parti qui a longtemps gouverné le pays sans partage, en fut le grand champion. Le pourfendeur de ce système des « Malais en premier », au nom de la corruption qu’il engendre, était alors un dissident prodémocratie du nom d’Anwar Ibrahim, lui aussi malais et musulman.

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