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Avec Lawrence Wong à sa tête, la cité-Etat de Singapour opère un changement dans la continuité

Après vingt ans au pouvoir, le premier ministre, Lee Hsien Loong, cède sa place à un ancien ministre de la santé, membre comme son prédécesseur du Parti d’action du peuple, la formation qui gouverne la cité-Etat depuis son indépendance en 1965.

Par  (Bangkok, correspondant en Asie du Sud-Est)

Publié le 15 mai 2024 à 11h11

Temps de Lecture 3 min.

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Lawrence Wong, alors ministre des finances de Singapour, lors d’une réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G20 à Nusa Dua, Bali (Indonésie), le 16 juillet 2022.

Singapour a un nouveau premier ministre, son quatrième seulement en six décennies. Mercredi 15 mai au soir, Lawrence Wong, 51 ans, prêtera officiellement serment à l’Istana, le palais de l’exécutif de cette cité-Etat de 5,7 millions d’habitants située à l’extrémité de la péninsule malaise. L’arrivée au sommet du pouvoir de cet ancien ministre de la santé, qui s’est fait un nom durant la pandémie de Covid-19, atteste de la volonté de rajeunissement du Parti d’action du peuple (PAP), la formation au pouvoir sans discontinuer depuis l’indépendance de Singapour, en 1965. Le premier ministre, Lee Hsien Loong, passe la main à 72 ans, après vingt ans de règne.

Régime aux libertés très encadrées sous une apparence de démocratie parlementaire, Singapour a vu monter ces dernières années une contestation sourde de la part des nouvelles générations. Celles-ci votent avec leurs pieds, malgré des salaires élevés : nombre de ses plus brillants citoyens font carrière en Australie, au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis. Surtout, le PAP a subi lors des dernières législatives, en 2020, un recul inédit : il a perdu pour la première fois dix sièges, sur les 93 que compte l’Assemblée, au profit du Parti des travailleurs, une formation sociale-démocrate.

La supermajorité du PAP n’a été toutefois qu’écornée : elle repose sur une mécanique institutionnelle largement faussée en sa faveur, notamment par des révisions opportunistes de la Constitution. « La suprématie du PAP réside aussi dans une série d’innovations qui lui ont permis de coopter l’opposition », explique la chercheuse française Eugénie Mérieau, maîtresse de conférences en droit public à l’université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne et spécialiste du « modèle de démocratie illibérale » que constitue, selon elle, Singapour.

« Neuf membres de la société civile ont été invités au Parlement, ainsi que deux “meilleurs perdants” en 2020 : les Singapouriens se disent donc que, même s’ils ne votent pas pour eux, des représentants de l’opposition ont quand même une voix au Parlement », poursuit-elle. M. Wong devra annoncer d’ici à fin 2025 de nouvelles élections législatives. Elles pourraient, selon certaines analyses, avoir lieu dès la fin 2024, pour permettre au PAP d’engranger les dividendes de la transition avant que toute lassitude ne s’installe.

« Rafraîchir le pacte social »

Le nouveau premier ministre incarne une figure manifestement plus sociale, et possiblement plus proche du commun des Singapouriens, que son prédécesseur, un militaire du rang de brigadier général et fils aîné de Lee Kuan Yew, le fondateur de Singapour. Issu de la classe moyenne, fils d’un vendeur de matériaux de toiture, Lawrence Wong a vécu, enfant, dans des logements sociaux, et fut titulaire d’une bourse de l’université du Wisconsin-Madison, aux Etats-Unis. Chrétien méthodiste, guitariste et motard, ce brillant fonctionnaire, entré en politique en 2011 et rapidement identifié comme l’un des futurs leaders dits de « quatrième génération » au sein du PAP, a longtemps été un outsider dans la course à la succession.

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