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Procès de Kobané : la justice turque condamne lourdement plusieurs responsables politiques prokurdes

Le charismatique chef de file du parti de gauche HDP, Selahattin Demirtas, déjà incarcéré, a été condamné à quarante-deux ans de prison. La centaine d’inculpés étaient accusés de crimes terroristes, en lien avec les marches organisées en 2014 en soutien aux habitants de la ville syrienne de Kobané, assiégée par l’Etat islamique.

Par  (Istanbul, correspondant)

Publié le 16 mai 2024 à 23h02, modifié le 17 mai 2024 à 10h12

Temps de Lecture 3 min.

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Un partisan prokurde tient le portrait de Selahattin Demirtas, en prison depuis 2016, lors d’un rassemblement à Diyarbakir, en Turquie, le 13 mai 2023.

Le verdict de la Haute Cour pénale d’Ankara a été lu, jeudi 16 mai, par son président devant une immense salle d’audience soudainement vide. La centaine d’avocats des 108 inculpés dans ce que tout le monde appelle ici le « procès de Kobané », du nom de cette ville frontalière kurde syrienne, avait, peu avant l’annonce, décidé de se lever et de quitter le tribunal en signe de protestation contre une accusation « exclusivement politique », « arbitraire » et « sans base juridique ni légale ». Les défenseurs ont rejoint les membres des familles des accusés et les délégations d’élus de l’opposition venus dénoncer l’acharnement judiciaire du pouvoir et l’instrumentalisation du droit.

Pendant près d’une heure, les condamnations et les années de prison se sont ainsi égrenées par ordre alphabétique et de manière presque répétitive devant des rangées de chaises : Ahmet Türk, maire kurde de Mardin, dix ans d’incarcération pour « appartenance à une organisation terroriste armée » ; Figen Yüksekdag, ancienne coprésidente du parti de gauche prokurde HDP (aujourd’hui rebaptisé Parti de l’égalité des peuples et de la démocratie, DEM), trente ans et quatre mois de prison ; Gültan Kisanak, ex-maire de Diyarbakir, douze ans, mais libérable, compte tenu de la détention subie avant le verdict, avec l’interdiction toutefois de quitter le territoire ; Selahattin Demirtas, ancien coprésident du HDP et ex-candidat à la présidentielle, quarante-deux ans de prison incompressible, condamné pour 47 chefs d’inculpation, notamment pour atteinte à l’unité de l’Etat. La liste est interminable.

Tel est l’épilogue d’un procès qui aura duré près de quatre ans et nécessité 83 audiences. L’affaire était suivie de près en raison de la personnalité politique des accusés, de leur nombre, mais aussi de l’importance des événements qui se sont déroulés au moment des faits incriminés et du contexte dans lequel aujourd’hui ils sont jugés.

Procès historique

Les 108 personnes de ce procès historique, au vu de la sévérité des condamnations, étaient jugées pour des manifestations en soutien à Kobané en 2014. A l’époque, la petite ville est assiégée par les djihadistes de l’organisation Etat islamique (EI) depuis un mois. L’armée turque, elle, empêche les Kurdes turcs de venir en aide à leurs proches de l’autre côté de la frontière. Plusieurs responsables locaux, dont Selahattin Demirtas, ont alors appelé à manifester contre cette situation.

Le 20 juillet 2015, une explosion tue 34 militants de gauche prokurdes et en blesse 104 autres, lors d’un rassemblement à Suruç, ville jumelle de Kobané, située en territoire turc. Ankara attribue l’attentat à l’EI ; le mouvement kurde désigne le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan. Deux policiers turcs sont ensuite abattus à Ceylanpinar, proche de la frontière syrienne : le meurtre est revendiqué par le Parti des travailleurs du Kurdistan, qui finit par se rétracter. Dans les jours qui suivent, les attaques du mouvement kurde et les opérations turques se succèdent. C’est le retour de la guerre en territoire turc.

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