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En Birmanie, la révolution progresse aussi à la sueur du front des exilés

Grâce à l’importante diaspora à l’étranger, notamment en Thaïlande, les centaines de groupes de résistants et leurs alliés des guérillas ethniques réussissent à lever suffisamment d’argent pour s’armer et faire vaciller la junte militaire au pouvoir.

Par  (Bangkok, correspondant en Asie du Sud-Est)

Publié le 05 juin 2024 à 03h00

Temps de Lecture 4 min.

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LETTRE DE BANGKOK

Des manifestants pro-démocratie brandissent des pancartes relatives à « l’Alliance du thé au lait » et à la situation actuelle en Birmanie alors qu’ils participent à une manifestation, à Bangkok, en Thailande, le 28 février 2021.

Birman de 24 ans, « Matthew » – son surnom en anglais – vient d’arriver à Bangkok avec un visa touristique de quarante jours. Il est en quête d’un emploi et d’un permis de travail. Pas question de retourner en Birmanie : fin mars, à Rangoun, il a été convoqué par l’administration de son arrondissement. On lui a fait tirer au sort un papier. Par chance, celui qu’il a déplié était blanc. Sinon, c’était la conscription obligatoire, dernière trouvaille de la junte militaire birmane pour regarnir ses rangs : applicable à tous les hommes de 18 à 45 ans et annoncée en février, elle a déjà permis d’envoyer à l’entraînement 5 000 nouvelles recrues en avril et 4 000 autres en mai. Quelque 60 000 hommes supplémentaires devraient ainsi être enrôlés en un an.

C’est que la junte birmane, qui a pris le pouvoir par un coup d’Etat le 1er février 2021, recule face à la coalition de forces qui a pris les armes contre elle et capturé ces six derniers mois un nombre impressionnant de bases militaires et de villes dans toute la périphérie du pays, aux frontières avec la Thaïlande, la Chine, le Bangladesh et l’Inde : des soldats se sont rendus, d’autres ont déserté. Le moral est en berne.

Une semaine après sa première convocation, Matthew en a reçu une seconde par l’intermédiaire de son employeur. Il a démissionné derechef, puis s’est envolé pour la Thaïlande. D’autant plus qu’il se savait une cible possible de la répression : membre du syndicat étudiant de son institut de technologie à Hpa-an, dans l’Etat Kayin (est de la Birmanie) où vit sa famille, il avait participé aux manifestations contre le coup d’Etat en 2021 puis rejoint, comme des milliers d’autres, le « maquis » d’une des guérillas ethniques, les Karen, en conflit intermittent avec l’armée birmane depuis des décennies.

Métiers à bas salaire

Dans ce creuset de la « révolution » birmane, il apprit les rudiments du métier d’infirmier. Au bout de trois mois, sa famille l’implora de revenir. Mais de retour à Hpa-an, il fut arrêté à deux reprises par l’armée, détenu et battu, avant d’être libéré contre de grosses sommes d’argent. Il avait donc rejoint Rangoun, où vivait sa grand-mère, et trouvé un travail dans une société de télécoms – le « métier de mes rêves », dit-il, celui dans lequel il voulait faire carrière. Désormais, il a d’autres motivations : à peine arrivé à Bangkok, il a déjà fait imprimer des T-shirts qu’il vend sur Internet pour soutenir la révolution.

Terre d’accueil depuis des lustres de millions de travailleurs migrants birmans, la Thaïlande connaît un afflux croissant de nouveaux venus à mesure que l’économie birmane s’effondre et que la révolution gagne du terrain. Nombre d’entre eux franchissent clandestinement la frontière – elle est longue de 2 400 kilomètres. « Je n’avais pas de passeport, je n’avais pas le projet d’aller à l’étranger », explique « Lynn », 22 ans, employé dans un restaurant de Bangkok.

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